En Géorgie, les mots forts contre la Russie d’un élu roué de coups au Parlement
GÉORGIE - La situation est particulièrement tendue aux abords du Parlement en Géorgie, à Tbilissi, ces dernières heures. Les autorités géorgiennes ont annoncé ce mercredi 1er mai l’arrestation de 63 manifestants pro-européens lors d’un rassemblement nocturne qui s’est tenu la veille, violemment réprimé par la police, contre un projet de loi sur « l’influence étrangère » que ses détracteurs jugent similaire à une législation russe utilisée contre l’opposition.
Le pays du Caucase est en proie à des manifestations antigouvernementales depuis le 9 avril, après que le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a réintroduit ce projet de loi vu comme contraire aux aspirations de Tbilissi à rejoindre l’Union européenne (UE).
Lors des violences de mardi soir, le député Levan Khabeichvili, président du Mouvement national uni de l’ex-président emprisonné Mikheïl Saakachvili, principal parti d’opposition, a été violemment battu et a dû recevoir des soins. Les chaînes de télévision locales ont diffusé des images montrant son visage marqué de coups, avant que lui-même ne poste sur X une photo de son visage meurtri. « Regardez-moi ! Ce que vous voyez, ces traces sur mon corps, ce sont les traces de la Russie », a-t-il affirmé lors d’une séance au Parlement ce mercredi matin, le visage enflé, des bandages sur le nez et sur la main.
It is shame!!! İt is russian method!
VMH, the chairman of the country's largest opposition party, Levan Khabeishvili was brutally beaten by special forces yesterday. The special forces forced him to say he was a "coward" and they would stop beating him
Currently, the deputy is… pic.twitter.com/CMERbVURBs— Samira Bayramova 🇬🇪 🇪🇺 🇺🇸 (@SamBayramova) May 1, 2024
Le ministère de l’Intérieur a assuré que les policiers avaient usé de la force de façon « légitime » car la manifestation était « devenue violente » et indiqué que 63 personnes avaient été interpellées pour avoir « désobéi à la police » et commis des actes de vandalisme.
Le Défenseur des droits géorgien, Levan Iosseliani, a demandé l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation d’une « force disproportionnée » contre les manifestants et les journalistes.
Barricades devant le bâtiment du Parlement
La présidente de la Géorgie Salomé Zourabichvili, opposée au parti au pouvoir, a condamné la « répression du rassemblement pacifique » et l’« utilisation d’une force disproportionnée ».
De son côté, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a « fermement condamné » mercredi les « violences » des forces de l’ordre, appelant les autorités à « garantir le droit de réunion pacifique ».
Les protestataires avaient bloqué la circulation devant le Parlement sur la principale artère de Tbilissi, ainsi que sur plusieurs autres axes importants.
Tôt ce mercredi matin, des manifestants avaient érigé des barricades devant le bâtiment du Parlement après le départ de la police antiémeute. Vers 10h, la manifestation était terminée, mais a repris dans la soirée, avec des dizaines de milliers de personnes rassemblées.
Les députés géorgiens ont débattu mardi en deuxième lecture du projet de loi que le parti au pouvoir espère faire voter d’ici à la mi-mai. Le texte doit faire l’objet de trois lectures au Parlement et être ratifié par la présidence. La présidente géorgienne devrait opposer son veto, mais le parti au pouvoir dispose d’un nombre de sièges au Parlement suffisant pour passer outre.
Selon ses détracteurs, le projet imite la loi russe sur les « agents de l’étranger » utilisée pour étouffer les voix dissidentes.
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