Génocide des Ouïghours: le vote symbolique des députés

Sur cette photo prise le 2 octobre à Paris, des manifestants réclament des actions de la France pour mettre fin au génocide en cours des Ouïghours par Pékin.  (Photo: Anadolu Agency via Getty Images)
Sur cette photo prise le 2 octobre à Paris, des manifestants réclament des actions de la France pour mettre fin au génocide en cours des Ouïghours par Pékin. (Photo: Anadolu Agency via Getty Images)

POLITIQUE - La représentation nationale reconnaît et condamne, officiellement, le caractère génocidaire des violences perpétrées par la Chine contre les Ouïghours. C’était l’objectif d’une résolution étudiée ce jeudi 20 janvier au Palais Bourbon, non contraignante, mais qui veut mettre la pression sur l’Élysée.

Le texte, mis à l’ordre du jour par le groupe Socialistes et apparentés, a été adopté à la quasi unanimité (169 voix pour, une contre et cinq abstentions) en fin de matinée. Toutes les sensibilités politiques se sont relayées à la tribune pour dire leur horreur face à “la machine implacable qui vise à l’éradication culturelle et biologique d’un peuple”, selon les mots du patron du PS Olivier Faure.

La proposition stipule que l’Assemblée “reconnaît officiellement les violences perpétrées par les autorités de la République populaire de Chine à l’encontre des Ouïghours comme constitutives de crimes contre l’humanité et d’un génocide”, et les “condamne”.

Elle “invite le gouvernement français” à faire de même et à adopter “les mesures nécessaires auprès de la communauté internationale et dans sa politique étrangère à l’égard de la République populaire de Chine” pour faire cesser cette situation.

Les réserves du gouvernement

Au nom du gouvernement, le ministre chargé du Commerce extérieur Franck Riester a évoqué des “violences sytématiques” et des “témoignages accablants”, mais fait valoir que la qualification formelle de génocide relevait d’instances internationales, pas du gouvernement. Il a assuré que le sort de cette communauté était ”évoqué au plus haut niveau” lors des entretiens avec les officiels chinois, et rappelé qu’elle avait été évoquée la veille dans l’intervention du président Emmanuel Macron devant le Parlement européen.

Hasard du calendrier, cette résolution arrive effectivement à l’Assemblée au lendemain du réquisitoire de Yannick Jadot, candidat EELV à la présidentielle, face à Emmanuel Macron à Strasbourg. L’écologiste a reproché à Emmanuel Macron d’avoir “célébré” un accord d’investissement signé entre la Chine et l’UE, alors même que Pékin sous le feu des critiques, notamment pour sa conduite vis-à-vis des Ouïghours.

Aucune poursuite pénale n’a à ce jour été entamée par la France. En juillet 2020, interpellé par des parlementaires et après la parution de témoignages poignants et très documentés, Emmanuel Macron avait “condamné avec la plus grande fermeté” les exactions commises par la Chine sur les Ouïghours. En février 2021, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a dénoncé un “système de répression institutionnalisé”. Mais depuis, plus rien. Et le mot “génocide” n’est nulle part.

“On ne peut pas laisser des peuples dans les camps et la souffrance. On parle de crimes contre l’humanité, de génocide tout de même”, plaide Alain David. “Nous sommes conscients de l’importance des échanges commerciaux entre la Chine et la France. Je sais que les intérêts économiques priment sur la morale, mais ne soyons pas dupes ni naïfs. On peut avoir un partenariat, mais en toute transparence”.

À voir également sur Le HuffPost: Face à Bolloré, ce sénateur a mis 6 minutes pour lister tous ses actifs

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

LIRE AUSSI: