Général Pierre de Villiers : "Depuis 20 ans, on a perdu toutes les paix"

Pierre de Villiers le 29 mai à Paris.

L’ancien chef d’état-major des armées analyse l’évolution des relations entre les politiques et les militaires.

Paris Match. Pourquoi gagner ou perdre une guerre dépend-il souvent du rapport entre le militaire et le politique?
Pierre de Villiers. Parce que les choses sont bien faites. Le politique décide de la guerre, le militaire la fait, la prépare, la conduit, la met en œuvre. Il est important que chacun reste à sa place.

En Algérie, on a vu des batailles gagnées et une guerre perdue.
Sans remonter jusque-là, ces vingt dernières années, on a gagné pratiquement toutes les guerres. Et on a perdu pratiquement toutes les paix. Or l’art de la guerre, c’est aussi de gagner la paix. Paris Match est né durant le monde bipolaire de l’après-guerre. En 1989, on a eu la chute du mur de Berlin, première rupture stratégique. Les attaques des tours à New York, deuxième rupture stratégique, avec l’apparition du terrorisme de masse. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde très instable sous le coup de deux lignes de conflictualité simultanées. Le terrorisme islamiste radical qui réalise chaque jour entre trois et cinq attaques dans le monde. Et le retour des anciens empires qui cherchent à regagner leur influence en réarmant de 5 à 10% par an. La paix est le seul état durable et souhaitable.

Le 10 mai, deux premiers maîtres des forces spéciales sont morts pour libérer des otages. Quel est aujourd’hui le sens de la mission française en Afrique?
Le sens n’a pas changé. Il faut avoir une certaine forme de modestie dans la durée de notre action. On voudrait obtenir des résultats de manière instantanée. La haine et la violence se dissipent, mais il faut du temps. En 1999, j’étais colonel au Kosovo. Vingt ans après, la haine s’est estompée, mais la paix n’est pas totalement revenue entre les Serbes et les Albanais. On ne résoudra pas les conflits(...)


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