Sur la fusion de l’audiovisuel public, les députés MoDem s’opposent au gouvernement

Rachida Dati à l’assemblée nationale, le 5 mai 2024.
LUDOVIC MARIN / AFP Rachida Dati à l’assemblée nationale, le 5 mai 2024.

POLITIQUE - Ils ne la voient pas « d’un très bon œil ». Ce mardi 14 mai, à l’occasion de leur conférence de presse hebdomadaire et alors que la proposition de loi commence son parcours législatif à l’Assemblée nationale, les députés MoDem ont clarifié leur position au sujet de la fusion de l’audiovisuel public voulue par le gouvernement.

Le gouvernement fixe la date de fusion des sociétés de l’audiovisuel public au 1er janvier 2026

« L’amendement de fusion (...) aujourd’hui, nous ne voyons pas l’intérêt, on le dit clairement », a déclaré face à la presse l’un des porte-paroles du groupe, Erwan Balanant. Le projet de fusion, véhiculé par amendement à un texte déjà adopté au Sénat, doit être examiné en commission à l’Assemblée nationale à partir de ce mardi.

À la manœuvre, la ministre de la Culture Rachida Dati viendra défendre elle-même en commission la fusion dès 2026 de Radio France, France Télévisions, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’Ina (Institut national de l’audiovisuel). Dans le détail, le texte prévoit d’abord la création d’une holding pour chapeauter France Télévisions et Radio France en 2025, puis leur fusion dès 2026.

Les deux « lignes rouges » du MoDem

Si les députés du MoDem désapprouvent la fusion finale, ils ne s’opposent pas à la création d’une holding. « La notion de holding semblait (...) aller dans le bon sens et permettre que chacun reste avec ses prérogatives et ses spécificités », défend Erwan Balanant, porte-parole du groupe.

Les députés dressent par ailleurs une deuxième « ligne rouge » : l’intégration de France Médias Monde dans la holding. « Il faut laisser à France Médias Monde cette liberté d’exister, de porter la voix de la France avec la spécificité qu’elle a aujourd’hui », explique-t-il en évoquant « un petit point de blocage sur ce texte. »

Le gouvernement doit donc se préparer à faire face à plusieurs obstacles, y compris dans son propre camp. Mais c’est avant tout à gauche que les députés sont vent debout contre le projet même de holding. « Sa mise en place serait l’aboutissement d’un processus de dénigrement et de fragilisation financière de l’audiovisuel public mené méthodiquement depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir », considèrent les députés de La France insoumise (LFI).

Pour cette première étape législative, quelque 260 amendements sont au programme de la commission des Affaires culturelles jusqu’à mercredi. Le texte doit, en principe, passer en première lecture dans l’hémicycle les 23 et 24 mai, sauf embouteillage législatif.

La société géante aurait un budget de quatre milliards d’euros et la réforme concernerait 16 000 salariés. Les syndicats de Radio France ont déjà appelé à la grève pour ces deux journées.

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