Fukushima va déverser ses eaux dans le Pacifique, vent de panique en Corée du Sud dans les supermarchés

Des clients d’un supermarché à Séoul en Corée du Sud font la queue pour acheter un sac de 20kg de sel, mardi 4 juillet 2023.
Des clients d’un supermarché à Séoul en Corée du Sud font la queue pour acheter un sac de 20kg de sel, mardi 4 juillet 2023.

INTERNATIONAL - C’est une décision qui pourrait apaiser les craintes et pourtant il n’en est rien. Ce mardi 4 juillet, l’agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) a approuvé le plan de rejet des eaux de la centrale nucléaire de Fukushima dans le Pacifique qui doit débuter cet été.

De quoi susciter une vive inéquiétudes chez le voisin de Corée du Sud. Les Sud-Coréens dévalisent les magasins pour faire des stock de sel de mer par crainte d’une contamination avant l’activation du plan de rejet. Une ruée qui a provoqué un bond des prix de 27% dans le pays entre avril et juin.

Comment décontaminer l’eau ?

Le 11 mars 2011, un tsunami s’abat sur la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au Japon, provoquant la fusion de trois réacteurs. C’est l’accident nucléaire le plus grave depuis celui de Tchernobyl en Ukraine en 1986. Mais en douze ans, ce sont plus d’1,33 million de tonnes d’eau issu du refroidissement des réacteurs endommagés qui sont actuellement stockées dans des citernes près du site de la centrale. Or, les capacités de stockage atteignent désormais les 96% et depuis 2021, le gouvernement japonais prévoit donc de rejeter cette eau dans l’océan Pacifique après l’avoir décontaminée.

Ces tonnes d’eau doivent être traitées grâce à une technique appelé le système avancé de traitement des liquides (ALPS). L’IAEA explique que c’est « un système de pompage et de filtration capable, grâce à une série de réactions chimiques, de débarrasser l’eau contaminée de 62 radionucléides ».

Mais il reste un élément qu’il est très difficile d’éliminer : le tritium. « C’est un élément très particulier parce que c’est l’isotope radioactif de l’hydrogène. L’eau étant composé d’hydrogène et d’oxygène, le tritium est donc très difficile à séparer puisqu’il est constitutif de la molécule d’eau », détaille Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint à l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et contacté par Le HuffPost.

« Un impact négligeable »

L’Organisation mondiale de la Santé préconise une valeur guide de 10.000 Bq/L (Becquerel par litre) pour le tritium dans l’eau de boisson. Tepco, l’exploitant de la centrale de Fukushima,  prévoit de rejeter de l’eau avec moins de 1500 Bq/L de tritium.

Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, était en déplacement au Japon, ce mardi pour présenter le rapport final de l’agence. Lors d’une conférence de presse, il a déclaré : « La démarche et les activités de rejet de l’eau traitée (...) satisfont aux normes de sûreté internationale pertinentes ». Il a également ajouté : « les rejets contrôlés et progressifs de l’eau traitée dans la mer, tels qu’ils sont actuellement planifiés et évalués par la Tepco, auraient un impact radiologique négligeable sur la population et l’environnement ».

Mais en Corée du Sud, la préoccupation vis-à-vis de ce plan reste bien présente. Un sondage de l’institut Gallup réalisé la semaine dernière, révélait que près de 80 % des Sud-coréens redoutaient une éventuelle contamination de l’eau de l’océan et des fruits de mer dûe au rejet de Fukushima.

Lors de sa visite au Japon, Rafael Grossi, a tout de même reconnu qu’il y avait « des inquiétudes » concernant le plan mais a souligné que l’AIEA allait ouvrir un bureau permanent sur le site de Fukushima pour surveiller en continu le processus de rejet.

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