A Fukushima, l’eau de la discorde

A partir de demain, le Japon envisage de déverser en mer plus de 1,3 million de m3 d'eau provenant de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Cette eau est issue des précipitations, des réservoirs souterrains et aussi des procédés utilisés pour refroidir les réacteurs qui ont fondu à la suite du tsunami de 2011 qui a ravagé la côte nord-est du pays.

On ne pourra pas dire qu’on ne voyait pas venir la polémique. Avec environ 100 m3 d’eau contaminée à stocker chaque jour, il n’y a plus assez de place pour multiplier les conteneurs sur le site de la centrale de Fukushima Daichi, dévastée en mars 2011. Plus de 1,3 million de m3 seraient ainsi accumulés dans plus de 1000 conteneurs (lire encadré). Et la possibilité de relarguer l’eau dans l’océan Pacifique, une fois traitée autant que faire se peut, a été très vite envisagée après la catastrophe. Mais ce n’est que maintenant, douze ans et demi plus tard, que va commencer ce relargage. Et ce, sous l’impulsion du gouvernement japonais qui a demandé en 2021 à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de mener l’enquête sur les modalités de traitement de cette eau par l’opérateur nucléaire TEPCO. La méthode nommée ALPS (advanced liquid processing system) qui raffine au maximum l’élimination des radionucléides – sous les niveaux réglementaires mais pas totalement - "ne peut cependant pas éliminer" le tritium, comme le rappelle le rapport de l’AIEA.

Fukushima relargue de l'eau dite "HTO" au lieu de l’habituelle H2O

Le tritium, hydrogène très lourd – son noyau atomique est composé d’un proton et de deux neutrons - interchangeable avec l’hydrogène habituel, léger (noyau atomique composé d’un proton), donne in fine une eau dite « tritiée » - HTO au lieu de l’habituelle H2O - qui émet un rayonnement bêta. Et la question se pose inévitablement de son innocuité. Le raisonnement purement physique laisse penser que la dilution par les courants marins de l’eau rejetée – 500 000 litres par jour au maximum - dans l’océan conduira à des niveaux très bas de contamination. Nombre de spécialistes font remarquer que la quantité totale de tritium accumulée à Fukushima et qui sera relarguée est de l’ordre de 1 million de milliard de becquerels – un chiffre en unités de radioactivité qui ne dit rien à personne sauf aux seuls spécialistes, mais qui peut être comparé à d’autres reje[...]

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