Fuite au Maroc, faux enterrement... Un homme condamné 13 ans après un meurtre

Un homme vient d'être condamné à 20 ans de prison au Maroc pour un meurtre commis en 2011 en plein Paris. Il avait un temps simulé sa mort pour échapper à la justice.

Un mort bien vivant condamné. Un homme vient d'écoper d'une peine de 20 ans de réclusion criminelle au Maroc pour un meurtre commis il y a 13 ans en plein Paris. La fin d'un long calvaire et d'une longue bataille judiciaire pour la famille de Mehdi Ettir.

Le 26 mars 2011, ce jeune homme de 23 ans est tué rue Louis Bonnet, dans le quartier de Belleville, à Paris. Mehdi Ettir s'effondre après avoir reçu cinq coups de couteau. Son agresseur, Hassan B., est pourtant l'une de ses connaissances. Mais la veille, les deux hommes ont eu un différend pour un détail futile, une dispute au sujet d'un chien. Mehdi a eu l'ascendant, Hassan ne l'a pas digéré. Le lendemain, il revient avec un couteau.

"Il avait vraiment l'intention de le tuer", souffle Inès, la soeur de la victime, auprès de RMC.

Hassan B. est clairement identifié comme l'auteur des coups de couteau. Mais l'homme, de nationalité marocaine, prend la fuite dans son pays d'origine. Quelques semaines plus tard, le frère du suspect se présente aux enquêteurs. Hassan B. s'est suicidé, ils présentent un certificat de décès établi au Maroc.

Les enquêteurs du 2e DPJ de Paris ont du mal à croire à cette version. Ils placent tout le monde sur écoute. La supercherie va jusqu'à l'organisation d'un enterrement au Maroc. "Sauf que les policiers entendent la famille rire aux éclats lorsqu'elle rentre des obsèques", rappelle Me Joseph Cohen-Sabban qui représente la famille de Mehdi Ettir.

Le Maroc n'extradant pas ses ressortissants, Hassan B. est intouchable. Si les enquêteurs ont la preuve qu'il est en vie, et que le certificat de décès est un faux, probablement rédigé grâce à l'influence de son père, "haut fonctionnaire dans la police marocaine" selon l'avocat, le jeune homme ne pourra être jugé en France qu'en son absence.

En 2015, Hassan B. écope d'une peine de 25 ans de réclusion criminelle prononcée par la cour d'assises de Paris. Dans le même temps, des membres de sa famille, dont sa mère, sont condamnés pour l'escroquerie à la fausse mort. Puis depuis, plus rien. "Avant de renvoyer le dossier devant la cour d'assises, les juges d'instruction ont transmis le dossier aux autorités marocaines, ils ont dénoncé les faits mais il y a eu toutes les bonnes raisons de ne pas l'arrêter", déplore Me Cohen-Sabban.

"Pendant ces 13 ans, il a fondé une petite famille", dénonce Inès, la soeur de la victime. "Nous aussi, on aurait voulu que notre frère fonde une famille, profite, vive… mais non. Penser qu’il ne serait jamais jugé, nous, on en a énormément souffert."

L'attente et la souffrance associée va durer jusqu'en 2023. Au mois de juin, la famille de Mehdi apprend que la police marocaine a interpellé Hassan B. D'abord parce qu'il est soupçonné d'avoir porté un coup de couteau à un homme sur une plage, il est incarcéré puis libéré. "Son père est-il encore intervenu?", s'interroge l'avocat. La situation diplomatique s'améliore et le Maroc arrête Hassan B. pour le meurtre de Mehdi.

Jugé au Maroc, il est condamné le 21 mai à 20 ans de prison. Selon nos informations, il a fait appel. "Aujourd'hui, il ne peut plus faire le choix d'être jugé en France et de purger sa peine en France", résume Me Cohen-Sabban. "On a beaucoup de questions à lui poser. Je continuerai de me battre pour rendre justice à mon frère", conclut pour sa part la soeur de la victime.

Article original publié sur BFMTV.com