Front commun syndical contre le budget 2014 en Italie

Manifestation samedi à Rome contre le chômage. Les trois principales centrales syndicales d'Italie ont appelé lundi à une série de grèves et de manifestations dans les prochaines semaines pour amender en profondeur le projet de budget 2014 du gouvernement d'Enrico Letta. /Photo d'archives/REUTERS/Alessandro Bianchi

par Roberto Landucci ROME (Reuters) - Les trois principales centrales syndicales d'Italie ont appelé lundi à une série de grèves et de manifestations dans les prochaines semaines pour amender en profondeur le projet de budget 2014 du gouvernement d'Enrico Letta. Le principe de ces arrêts de travail de quatre heures, par secteurs jusqu'à la mi-novembre, a été acté lors d'une réunion des dirigeants des trois syndicats, a déclaré Luigi Angeletti, le secrétaire général de l'Union italienne du travail (UIL). Le gouvernement a adopté mardi un budget 2014 qui fait quasiment l'unanimité contre lui, tant chez les syndicats que le patronat et la classe politique, y compris parmi les partis membres de la coalition gouvernementale. Cette "loi de stabilité" doit ramener le déficit budgétaire italien à 2,5% du Produit intérieur brut, contre 3% cette année. Ses détracteurs estiment qu'en l'état actuel, le projet ne réduit pas suffisamment la pression fiscale, n'assouplit pas assez les mesures d'austérité ou ne réforme pas suffisamment une économie en récession depuis deux ans. "Rien ne change. Letta n'aurait pas dû faire un budget pour stabiliser le gouvernement, mais un budget pour stabiliser le pays", a déclaré Luigi Angeletti. Les syndicats dénoncent notamment la poursuite du gel des salaires dans la fonction publique et estiment que la baisse de l'impôt sur le revenu envisagée par le gouvernement n'est pas au rendez-vous. PAS D'APPEL À LA GRÈVE GÉNÉRALE L'UIL, la CGIL et la CISL réclament que le projet soit modifié en profondeur avant son examen par le parlement, qui doit l'approuver avant la fin de l'année. Les trois centrales s'abstiennent toutefois d'appeler à une grève générale. "Nous avons choisi de ne pas appeler à une grève générale parce que nous avons devant nous le temps du débat parlementaire et nous pensons que notre forme de mobilisation sera plus utile", a déclaré Susanna Camusso, la secrétaire générale de la CGIL (Confédération générale italienne du travail). "Nous voulons obtenir des résultats au Parlement jusqu'au 15 novembre, quand la procédure d'examen de la loi sera bien avancée, ensuite nous verrons", a-t-elle dit. Un petit syndicat classé à droite, l'UGL, a décidé de participer au mouvement de contestation. Des grèves et manifestations ont déjà eu lieu vendredi, à l'initiative du syndicat Cobas, classé à l'extrême gauche, qui ont entraîné des perturbations dans le secteur public: écoles, administrations, hôpitaux et transports. Samedi, des heurts ont eu lieu à Rome entre la police et des dizaines de milliers de manifestants protestant contre l'austérité. Depuis son arrivée au pouvoir en avril, deux mois après des élections législatives sans véritable vainqueur, Enrico Letta éprouve les pires difficultés à imposer des réformes en raison des conflits permanents entre sa formation de centre gauche, le Parti démocrate (PD,) et celle de Silvio Berlusconi, Peuple de la liberté (PDL, droite). Son prédécesseur au palais Chigi, Mario Monti, s'est joint ce week-end au concert de critiques en accusant Enrico Letta de défaire les bonnes réformes de son gouvernement et de "s'agenouiller" devant le PDL. Avec Gavin Jones; Pierre Sérisier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français