"French Exit" : bien plus qu'une satire sociale

"Dans sa jeunesse, sa beauté et son élégance l'avaient rendue célèbre et ces attributs demeuraient visibles, mais une lueur inquisitrice et malveillante luisait dans son œil" : ainsi entre en scène la sulfureuse Frances Price, aristocrate new-­yorkaise, veuve d'un avocat richissime. Elle ne va nulle part sans son fils, ­Malcolm, trentenaire mou et asocial. Oisifs, ils dilapident l'argent du défunt mari, jusqu'à ce que leur conseiller financier leur annonce la catastrophe : ils sont ruinés.

Armé de 170.000 euros en liquide, vestige de leur fortune, et de Small Franck, leur chat grabataire, le duo prend (en paquebot!) la direction de Paris, où une vieille copine leur prête un deux-pièces. Il est facile de rire des "nantis" et Patrick deWitt le sait bien : le premier tiers de son roman est un portrait au vitriol de la haute ­société américaine, riche en venin et pauvre en sentiments. Mais French Exit est bien plus qu'une satire sociale gorgée de clichés.

Un brillant roman d'amour

Écrivain à l'imagination folle, à qui l'on doit le truculent ­western Les Frères Sisters et Heurs et malheurs du sous-majordome Minor, formidable pastiche de roman gothique, Patrick deWitt explore ici une veine comique teintée de fantastique. Frances et Malcolm font la connaissance de ­Madeleine, voyante accablée du don de discerner les morts prochaines. Ils découvrent que Small Franck est la réincarnation de leur mari et père. Ils se font de nouveaux amis : Julius, ­détective poissard, et Mme ­Reynard,...


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