“Fremont”, de Babak Jalali : le portrait doux et décalé d’une Afghane en exil

La ville de Fremont, en Californie, a deux particularités. Elle compte “un quartier pionnier de l’histoire du cinéma, Niles, que beaucoup considèrent comme le premier Hollywood, rappelle l’East Bay Times, un quotidien publié dans l’agglomération voisine de Walnut Creek. En d’autres temps, Charlie Chaplin y a tourné plusieurs de ces films, dont Le Vagabond (1915).

La ville de plus de 230 000 habitants abrite aussi la plus grande communauté afghane des États-Unis, ayant accueilli des vagues de réfugiés dès 1979 lors de l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques.

Ces deux facettes de l’agglomération, “prise en sandwich entre San Jose et Oakland”, selon la formule du journal californien, trouvent à dialoguer dans Fremont, le nouveau film de Babak Jalali, qui sort en France ce 6 décembre. Le réalisateur, né en Iran et depuis longtemps installé au Royaume-Uni, y raconte l’histoire de Donya (Anaita Wali Zada), une Afghane de 22 ans.

Un drame plein de légèreté

Interprète pour l’armée américaine, Donya a dû fuir Kaboul quand les talibans ont repris le contrôle de l’Afghanistan, à l’été 2021, et a atterri à Fremont. Mais, même entourée de compatriotes, “elle se sent seule”, explique le San Francisco Chronicle. “Certains de ses voisins refusent de lui parler à cause de son ancien travail”, et elle passe beaucoup de temps seule. Hantée par ce qu’elle a vécu en Afghanistan et dont on ne saura rien, elle souffre d’insomnie : “Elle passe ses nuits allongée sur son lit, à regarder le plafond”, ajoute le journal.

Le sujet pourrait être lourd, mais “Jalali y apporte quelque chose de léger”, souligne encore le San Francisco Chronicle. “Les plans sont parsemés de rares scènes de dialogues, ce qui nous permet de nous concentrer sur les expressions du visage des acteurs et sur leurs réactions”, note-t-il.

“Cadrées par la chef opératrice Laura Valladao au format 4:3, comme les émissions de télévision d’autrefois, des lieux aussi connus que la gare de Fremont revêtent un air d’étrangeté, reflétant ce qu’éprouve la protagoniste.”

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