Des frappes mortelles en Afghanistan aggravent la crise entre Kaboul et Islamabad
“Opération antiterroriste” ou “violation de la souveraineté” de l’Afghanistan ? Les frappes mortelles menées ce lundi 18 mars par les forces pakistanaises dans deux provinces afghanes sont qualifiées différemment de part et d’autre de la frontière.
Huit personnes sont mortes lors de ce raid aérien. Il visait, selon Islamabad, des membres du groupe taliban Hafiz Gul Bahadur, jugé responsable avec le Tehreek-i-Jihad Pakistan (Mouvement du djihad pakistanais) de violences sur le territoire pakistanais. Pour autant, le porte-parole du gouvernement taliban afghan, Zabihullah Mujahid, a fermement “condamné ces attaques”, qui ont provoqué des heurts à la frontière terrestre entre les deux pays.
“Ces frappes ont été lancées un jour après que le président pakistanais, Asif Ali Zardari, a promis de venger sept soldats morts en martyrs” en fin de semaine dernière dans le district du Waziristan du Nord, dans le nord-ouest du pays, contextualise le quotidien pakistanais Dawn.
Mais elles surviennent surtout dans un climat de tensions accrues entre le Pakistan et l’Afghanistan – le premier accusant le second de soutenir les actions violentes des groupes talibans pakistanais. “Ces terroristes sont une menace importante pour la sécurité nationale pakistanaise, et ils utilisent régulièrement le territoire afghan comme base leur permettant d’attaquer le Pakistan”, a accusé le ministère des Affaires étrangères pakistanais dans un communiqué.
“Faire monter les enchères”
Les frappes de ce lundi font partie intégrante de la stratégie internationale d’Islamabad. “Le Pakistan avait agi de la même manière lors d’une attaque inédite menée sur son sol par l’Iran en janvier” au nom de la lutte contre le groupe armé Jaish Al-Adl au Baloutchistan, rappelle The South China Morning Post. Islamabad avait alors répliqué en bombardant la région iranienne du Sistan-et-Baloutchistan.
Pour le chercheur Abdoul Basit, la réponse pakistanaise à l’attaque menée dans le Waziristan du Nord était par conséquent “attendue”. Interrogé par le titre hongkongais, il estime qu’il n’est pas certain que l’Afghanistan renonce à aider les talibans pakistanais à l’avenir. Mais à ses yeux, les bombardements pakistanais “font monter les enchères pour le régime taliban afghan”.
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