Frank Henry, ex-figure du grand banditisme français : "J'ai 63 ans, j'ai passé 21 ans de ma vie en prison"

Frank Henry a passé 21 ans de sa vie derrière les barreaux avant de devenir écrivain, scénariste et réalisateur. Pour Yahoo, cet ancien gangster, aujourd’hui âgé de 63 ans, a accepté de se confier sur son histoire, revenant sur ses années dans le grand banditisme.

Il a passé un tiers de sa vie en prison. Actuellement sur les planches du théâtre de la Nouvelle Ève à Paris, Frank Henry y joue sa pièce autobiographique “Gangster : Ni Fier, Ni Honteux”. Aujourd’hui âgé de 63 ans et figure du grand banditisme français, il y raconte son parcours chaotique d’ancien criminel, un sombre passé dont il a également parlé au micro de Yahoo.

Comme il l’explique, c’est à l’adolescence que tout commence. Une délinquance somme toute classique. Avec ses camarades, il vole des mobylettes, les démonte et les revend. Mais très vite, ces incartades prennent une toute autre tournure. À l’âge de 17 ans, il braque une banque pour la toute première fois. “L’affection que je ne trouvais pas à la maison, j’allais la chercher dans la rue”. Poussé par des amis, il en ressort avec 600 000 francs, un pactole qui lui ouvre les portes d’un luxe et d’un confort inespéré. “Là, tu bascules de l’autre côté. Je fête notamment ma majorité au Carlton à Cannes. Belles bagnoles, belles gonzesses, ski nautique, yachting”, autrement dit, une vie fastueuse qui lui monte à la tête. Il continue donc ses braquages pour maintenir son train de vie mais finit par se faire arrêter en 1977. Un hold-up qui lui vaut huit ans de prison. “Un de mes complices avait pris une balle dans la colonne vertébrale pendant le braquage et son frère, espérant le faire sortir de l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, m’a balancé”, se remémore-t-il.

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En prison, l’adrénaline de ses frasques lui manque et dès sa première permission, il recommence. Finalement, celui qu’on surnommait “L’armurier” à cause de sa passion pour les armes à feu passera 21 ans en prison après avoir replongé cinq fois. À la naissance de son fils, Frank décide alors de raccrocher et de reprendre sa vie en main. “Il fallait que je décide si je serai un père ou un gangster mais pas les deux”, confie-t-il tout en expliquant avoir pris le temps de se construire intellectuellement derrière les barreaux. “Je commence des études jusqu’à ce que je devienne universitaire”. Et s’il parvient à franchir la barrière du savoir, celle des sentiments reste, quant à elle, opaque. “Ce qui me manquait le plus en prison, c’est l’amour. C’est le désert au niveau des sentiments”.

“Une opportunité extraordinaire”

À sa sortie de prison, Frank bascule dans l’écriture, un nouvel exutoire. “Je découvre une aventure intérieure que je ne soupçonnais pas un instant, et surtout, je découvre que je savais écrire”, confie-t-il tout en expliquant avoir eu la chance d’être édité rapidement. Une toute nouvelle aventure dont les retombées médiatiques ne tardent pas. Il se retrouve à travailler pour la télévision avant d’avoir “l’opportunité extraordinaire” de faire son propre film avec “un casting de fou”. Isabelle Adjani, Thierry Frémont et Éric Cantona sont notamment de la partie.

Aujourd’hui, Frank reconnaît avoir des remords. Il regrette d’avoir peiné son entourage et semble avoir pris conscience des conséquences psychologiques de ses actes sur ses victimes. “Traumatiser les gens, les voler, les braquer, ce n’est pas bien”, reconnaît-il tout en rappelant n’avoir jamais été à l’origine d’un crime de sang. Comme pour se rattraper, il a aujourd’hui un objectif, celui de “démystifier, de déglamouriser le banditisme et la délinquance et tout ce qui peut y avoir de pseudo romantisme autour”.