La France lance une « coalition artillerie » pour l’Ukraine, voici en quoi elle consiste

Vingt-trois nations font partie de cette coalition qui vise à renforcer et adapter l’artillerie des Ukrainiens, héritée de l’époque soviétique.

POLITIQUE - Une nouvelle arme dans l’aide occidentale à l’Ukraine. Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu va lancer ce jeudi 18 janvier à Paris une « coalition artillerie » visant à renforcer les capacités de Kiev face à la Russie, une cérémonie à laquelle son homologue ukrainien assistera par visioconférence.

Cette coalition, pilotée par la France et les États-Unis, est l’un des volets du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine dit groupe de Ramstein, réunissant plus de 50 pays soutenant Kiev. Le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov, longtemps annoncé présent, a annulé au dernier moment sa venue en France « pour des raisons de sécurité », a fait savoir Paris dans la nuit de mercredi à jeudi.

Cet atelier auquel participent 23 nations « vise à fédérer les efforts pour aider, dans le court et le long terme, l’Ukraine à disposer d’une force d’artillerie adaptée aux besoins de la contre-offensive et de son armée de demain », a indiqué le ministère français des Armées.

Une coalition pour « partager la facture »

Dans une interview accordée au Parisien, Sébastien Lecornu a cité en exemple « une initiative sur le canon Caesar, moderne, robuste, très efficace, fabriqué par Nexter, à Bourges et Roanne. Il y en a actuellement 49 en Ukraine, qui ont permis des succès tactiques. Notre initiative vise à en produire 78 en 2024, en incitant les Européens et nos alliés à partager la facture », décrit-il. Six d’entre eux, payés par Kiev seront livrés « dans les prochaines semaines », les 72 autres devant trouver des financements collectifs, de même source.

La France s’est dite prête à financer 12, a précisé Sébastien Lecornu en marge de la cérémonie ce jeudi. Ces douze Caesar représentent un investissement de 50 millions d’euros. « Il restera 60 canons à financer, c’est le message que je passe à l’ensemble de nos alliés », a déclaré le ministre français.

Le ministère des Armées s’est félicité d’un triplement des capacités de production de munitions en France, passées de 1 000 unités produites par mois avant la guerre en Ukraine à 3 000 espérées courant 2024. Ces quantités ne suffisent toutefois que pour quelques jours de combat côté ukrainien, notent des experts. « Le grand enjeu pour l’Ukraine c’est d’achever sa transition d’un matériel soviétique vers un matériel occidental », estime le consultant en risques internationaux Stéphane Audrand. Les canons datant de l’ère soviétique sont adaptés à des obus de 122 mm, alors que les systèmes occidentaux utilisent des obus de 155 mm.

Pour les armer, l’Union européenne s’est donné pour objectif de fournir à l’Ukraine un million de munitions d’ici le printemps 2024. Mais seuls 300 000 obus ont été livrés à ce jour, selon des parlementaires européens. « Il y a un énorme enjeu sur les munitions », a reconnu le ministre français qui évoque « une priorité de relocalisation d’une filière poudre en France » avec « une production à Bergerac. »

Le ministre français plaide plus généralement pour l’aide militaire se fasse désormais en « connectant directement les industriels de défense français à l’armée ukrainienne » et non par une « logique de cession » de matériel prévu pour la France à l’Ukraine.

Missiles et bombes promis pour « ne pas laisser gagner la Russie »

La France a déjà cédé ou vendu à l’Ukraine 30 Caesar. Le Danemark a également fourni à l’Ukraine 19 exemplaires d’une version blindée à huit roues. Monté sur camion, le Caesar peut tirer des obus de 155 mm à 40 kilomètres de distance.

Emmanuel Macron a réitéré mardi son soutien à Kiev, dont la contre-offensive militaire n’a pas donné les résultats escomptés. Annonçant un déplacement en Ukraine au mois de février, pour la deuxième fois depuis le début de la guerre, le chef de l’État a également promis de nouvelles livraisons à Kiev d’une « quarantaine » de missiles (longue portée) Scalp et « plusieurs centaines de bombes » (des AASM selon une source proche du dossier), « pour ne pas laisser gagner la Russie ».

La France est « en train de finaliser un accord » de sécurité avec Kiev du type de celui conclu vendredi entre le Royaume-uni et l’Ukraine sur dix ans, a aussi précisé le président.

Samedi, lors de sa première visite en Ukraine, le nouveau ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait évoqué la possibilité de « renforcer la capacité ukrainienne de produire sur son sol » les armes dont elle a besoin, ce qui inclut sa défense antiaérienne. Près de deux ans après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, le front est quasiment gelé depuis de nombreux mois. « La Russie fait le pari que le temps joue pour elle. Mais le système politique et le moral en Ukraine ne s’essoufflent pas. Pas plus que notre détermination et celle de nos alliés », assure également Sébastien Lecornu.

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