France : les fouilles pour retrouver les soldats allemands exécutés par les résistants ont commencé

Le 12 juin 1944, un groupe de 46 soldats allemands et une Française soupçonnée de collaboration auraient été exécutés par un groupement local des Francs-tireurs et partisans, d'obédience communiste, d'après le témoignage d'un de ses membres, Edmond Réveil, 98 ans aujourd'hui.

Mi-juillet, la préfecture a annoncé qu'une campagne d'analyse des sols avait permis de repérer cette "fosse" possible.

Une équipe d'archéologues portant des casques jaunes et bleus a commencé mercredi après-midi à explorer la zone, une colline boisée de cette commune corrézienne, et à excaver la terre avec l'aide de tractopelles et de géoradars, a constaté l'AFP.

"Nous avons donc des indices assez forts sur le fait que cette zone a déjà été par le passé remuée mais nous n'avons pas de certitude", a déclaré à la presse le préfet de la Corrèze Etienne Desplanques, qui a évoqué une zone de recherche de 45 mètres de long et 10 mètres de large.

"Nous devons traiter ce sujet avec beaucoup de dignité, de responsabilité", a-t-il ajouté. "C'est le devoir de la France."

Les recherches doivent permettre "d'exhumer les corps de ces soldats allemands oubliés pendant 80 ans à cet endroit" et "de les rendre à la fois à l'Allemagne mais surtout, peut-être, à leurs familles", a expliqué le maire de Meymac Philippe Brugère.

"Fouille fine"

Une autre option serait d'inhumer les corps dans un cimetière allemand en France, a indiqué Carole Novy, directrice administrative du VDK, l'organisme allemand chargé de l'entretien des tombes de guerre allemandes, à condition de trouver l'espace nécessaire pour cela.

Ces fouilles, menées sous l'égide de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), mobilisent 18 personnes sur place: trois anthropologues de Marseille, 12 agents du VDK parmi lesquels des militaires et trois membres de l'ONACVG.

Les recherches doivent durer jusqu'au 27 ou 28 août.

"Tout va dépendre de la fouille fine", une technique de recherche à l'aide de "tout petits objets, des outils de dentiste, des pinceaux, etc... pour ne pas abîmer ni les corps, ni les objets. C'est une fouille très délicate", a précisé l'archéo-anthropologue Marine Meucci, qui travaille pour l'ONACVG.

Des premières fouilles avaient eu lieu secrètement en 1967 pour tenter de retrouver les corps de ces 46 soldats de la Wehrmacht faits prisonniers par la Résistance en Corrèze les 7 et 8 juin 1944 et exécutés peu après les massacres commis par la Division SS Das Reich à Tulle le 9 juin (99 civils pendus) et à Oradour-sur Glane (Haute-Vienne) le 10 juin (643 habitants mitraillés et brûlés dans des granges et l'église du village).

Onze corps avaient alors été exhumés.

Trois millions de soldats allemands ont été portés disparus dans le monde entier, à l'issue des deux guerres mondiales, a souligné le VDK lors d'une conférence de presse.