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France et Etats-Unis d'accord pour une lutte accrue contre l'EI

par John Irish et Julia Edwards WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis et la France ont décidé d'intensifier leurs opérations militaires contre l'organisation Etat islamique (EI, Daech) en Syrie et en Irak et de coordonner leurs renseignements sur la menace intérieure après les attentats du 13 novembre à Paris. "Nous ne laisserons pas abîmer le monde et, face à Daech, nous devons avoir une réponse commune, collective et implacable", a déclaré à la presse François Hollande mardi au terme d'un entretien d'une heure quarante avec Barack Obama à la Maison blanche. Le président français a appelé à livrer contre l'Etat islamique avec l'appui de son homologue américain, une bataille "commune, collective et implacable", avec des frappes au coeur des villes occupées et l'appui de combattants au sol. Sur le plan militaire, "il s'agit de détruire Daech partout où il se trouve, de couper ses sources de financement, de traquer ses dirigeants, de démanteler ses réseaux et de reconquérir les territoires qu'il contrôle", a énuméré François Hollande lors d'une conférence de presse avec Barack Obama. "La priorité est la reprise des points-clés occupés par Daech en Syrie", a insisté le président français, expliquant que les frappes françaises se feraient au coeur même des villes occupées par Daech, contre des centres de commandement et de formation. La France et les Etats-Unis ont décidé à cette fin "d'intensifier (leurs) frappes, d'élargir leur portée, de renforcer les échanges de renseignement sur les cibles", a dit François Hollande. Alors que les deux chefs d'Etat s'exprimaient, une opération conjointe franco-américaine a touché un centre de commandement de l'EI à Tal Afar, une ville située à l'ouest de Mossoul en Irak. "Nous avons obtenu ce que nous sommes venus chercher", a déclaré un haut responsable français, sans vouloir expliciter. "L'intensification de l'action a été accrue de trois degrés." Le soutien des rebelles sur le terrain a été réaffirmé, a ajouté ce responsable, notamment en matière d'équipement et de formation. PETITE PORTION DE FRONTIÈRE François Hollande mène une offensive diplomatique pour tenter de mettre sur pied une coalition unique contre l'EI. Après avoir vu lundi le Premier ministre britannique, David Cameron, à Paris, et mardi Barack Obama, le président français aura un dîner informel avec la chancelière allemande Angela Merkel mercredi. Il est attendu jeudi à Moscou. Barack Obama a reconnu que les Américains craignaient de nouveaux attentats du genre de ceux perpétrés à Paris. Il a appelé les pays européens à partager plus de renseignements à propos des personnes qui partent d'Europe pour se rendre au Proche-Orient. "Nous pouvons faire mieux en matière de coordination entre les pays", a déclaré Barack Obama en offrant de partager les outils américains de filtrage des réfugiés venus des zones de conflit. François Hollande a aussi jugé urgent de fermer la frontière syro-turque "pour qu'aucun terroriste ne vienne en Europe pour perpétrer des actes barbares". Le responsable français a évoqué une petite portion de frontière que la Turquie n'a toujours pas fermée au nord d'Alep et que l'EI utilise pour faire passer des biens et des marchandises. Au plan diplomatique, François Hollande a de nouveau prôné une "transition politique crédible" en Syrie, ce qui revient à établir "un calendrier précis permettant un cessez-le-feu et l'ouverture d'un processus conduisant au départ de Bachar al Assad". Onze jours après les attentats qui ont fait 130 morts à Paris, Barack Obama a dit sa solidarité en déclarant en français : "Nous sommes tous Français". Il a expliqué qu'il avait une photo dans sa chambre à la Maison blanche où il embrasse son épouse Michelle dans les jardins du Luxembourg à Paris. "Le 11 septembre (2001-NDLR), tous les Français étaient Américains et après le 13 novembre, les Américains étaient Français. Nos deux peuples fusionnés dans la même émotion mais surtout dans la même défense de la liberté", a dit François Hollande. "En attaquant la France, c'était le monde entier que les terroristes, les assassins lâches de Daech, voulaient viser". Et Barack Obama de conclure : "Vive la France!" (Avec Elizabeth Pineau et Marine Pennetier à Paris, Danielle Rouquié pour le service français)