Le président chinois d'Interpol disparaît, la France "s'interroge"

Une enquête pour disparition inquiétante a été ouverte en France concernant le président d'Interpol, Meng Hongwei, qui n'a plus donné signe de vie depuis son départ en Chine fin septembre. /Photo d'archives/REUTERS/Edgar Su

LYON (Reuters) - Une enquête pour disparition inquiétante a été ouverte en France concernant le président d'Interpol, Meng Hongwei, qui n'a plus donné signe de vie depuis son départ en Chine fin septembre.

Citant une source non identifiée, le South China Morning Post écrit vendredi qu'il a été pris en charge à son arrivée par les autorités pour être interrogé mais le quotidien de Hong Kong dit ignorer le lieu de sa détention et les raisons des investigations à son endroit.

"La France s'interroge sur la situation du président d'Interpol et est préoccupée par les menaces dont son épouse a fait l'objet", a-t-on déclaré au ministère de l'Intérieur.

"Interrogées par le bureau de liaison d'Interpol à Pékin, les autorités chinoises n'ont pour l'heure pas apporté de précisions" mais les échanges "se poursuivent", a-t-on dit de même source.

Le parquet de Lyon, ville où siège Interpol, a annoncé vendredi l'ouverture de l'enquête pour disparition, des sources policières précisant quant à elles que Meng Hongwei n'avait donné aucun signe de vie depuis son départ fin septembre.

Son épouse a été entendue par la police judiciaire, ajoutent ces sources, confirmant les informations diffusées dans un premier temps par Europe 1.

C'est elle qui, faute de nouvelles depuis le 25 septembre, a alerté la police jeudi soir, dit-on au ministère de l'Intérieur. Elle a également fait état de menaces reçues par téléphone et par le biais des réseaux sociaux.

L'épouse de Meng Hongwei a depuis été placée sous protection policière, précise-t-on de même source.

Meng Hongwei a été élu en novembre 2016 pour quatre ans à la tête d'Interpol, qui compte 192 pays, et permet notamment aux polices des Etats membres de partager des informations.

La nomination de cet ancien vice-ministre de la Sécurité publique en Chine et pilier du Parti communiste chinois avait été critiquée par les associations de défense des droits de l'homme en 2016.

"La nomination de Meng Hongwei est alarmante, étant donné que la Chine essaie de longue date d’utiliser Interpol pour arrêter des dissidents et des réfugiés à l’étranger", avait déclaré dans un communiqué Nicholas Bequelin, directeur du bureau Asie de l’Est d’Amnesty International.

"Cela paraît contraire au mandat d’Interpol, qui doit être exercé dans l’esprit de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il faudra désormais suivre de près le genre d’avis de recherche lancés par Interpol à la demande du gouvernement chinois", avait-il ajouté.

Le ministère chinois de la Sécurité publique n'a pas pu être joint dans l'immédiat pour commenter cette disparition.

(Catherine Lagrange, avec service France et bureau de Pékin, édité par Yves Clarisse)