France Desmarais : «Il faut en finir avec l’idée qu’on sauve les objets en les achetant»

Pour France Desmarais, du Conseil international des musées, il est «indispensable d’assécher le marché» des antiquités pillées en Syrie.

France Desmarais est directrice des programmes au Conseil international des musées (Icom). Elle se trouve actuellement à Ankara, en Turquie, pour un séminaire sur la protection des patrimoines culturels syrien et irakien.

Palmyre est tombé aux mains de l’Etat islamique. Quels sont les risques pour le patrimoine ?

C’est le site le plus emblématique de Syrie. Il porte la trace de 3 000 ans d’histoire du commerce, au carrefour successif des civilisations mésopotamienne, babylonienne, gréco-romaine et islamique. C’est l’un des seuls sites au monde aussi multiculturel, et il risque de disparaître. Les destructions actuelles sont d’autant plus dramatiques que Palmyre a réussi à rester en très bon état de conservation. Les plus belles pièces ont été mises en sécurité. Des centaines de statues ont été déplacées et mises en lieu sûr à Damas. Mais il reste le problème du patrimoine bâti, les temples et les colonnades romaines notamment, déjà abîmés par les combats. On a longtemps tenu pour acquis la durabilité d’un patrimoine vieux de plusieurs millénaires. On se rend compte aujourd’hui que ça ne va pas de soi. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le monde n’avait pas connu de conflit aussi dévastateur. Nous sommes face à un génocide patrimonial sans précédent.

Comment l’Etat islamique exploite-t-il les antiquités pillées ?

Les pillages n’ont pas commencé avec l’Etat islamique (EI). Dès le début du conflit, des groupes comme le Front al-Nusra (la branche syrienne d’Al Qaeda) s’en sont pris au patrimoine. Certains combattants se revendiquaient insurgés le jour, archéologues la nuit. A l’époque, pour faire face aux forces de Bachar al-Assad, il apparaissait légitime de s’approprier le patrimoine du peuple syrien pour financer le combat. Aujourd’hui, l’EI possède une grande diversité de combattants, et les stratégies ne sont pas les mêmes (...)

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Verrou
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