François Sureau : le fleuve Apollinaire

François Sureau, écrivain et avocat, dans son bureau, à Paris, en 2018. Il a été élu à l'Académie française le 15 octobre 2020.
François Sureau, écrivain et avocat, dans son bureau, à Paris, en 2018. Il a été élu à l'Académie française le 15 octobre 2020.

Dans une vaste maison en bord de forêt, il écrit ce court récit hanté et happé par la figure de Guillaume Apollinaire. Nous sommes durant le premier confinement en France. François Sureau s'est éloigné de sa ville, Paris, où la pandémie de Covid-19 est en cours. Il converse longuement avec son ami de toujours, Guillaume, dans des pages aux aveux silencieux. L'auteur du Chemin des morts (Gallimard, 2013) précise d'emblée son respect des manques et des blancs propres à chaque existence : « Je ne suis pas un spécialiste d'Apollinaire. Lorsqu'on a un ami, on n'est pas le spécialiste de sa vie. » L'avocat et académicien remonte le cours de la vie d'Apollinaire : il est mort en 1918 de la grippe espagnole et il est né à Rome en 1880, de père inconnu. On retrouve ici toutes les grandes étapes de la vie de l'auteur de La Chanson du mal-aimé : la jeunesse, les amours, les écrits, la naturalisation française, l'engagement durant la guerre de 14-18, la trépanation à la suite d'une blessure à la tempe par un éclat d'obus, les amitiés. Mais Ma vie avec Apollinaire est une rêverie amicale. Un jeu de miroirs troublant et émouvant entre auteur et sujet. François Sureau écrit Guillaume Apollinaire puis Guillaume Apollinaire écrit François Sureau.

Autour de lui, la campagne est dépeuplée. Les canards, les papillons, les oies y semblent heureux comme jamais. Les phrases de François Sureau portent la trace de cet environnement solitaire et solaire. L'écrivain a rencontré le po [...] Lire la suite