Pour François Hollande, Emmanuel Macron “a cassé un système politique”

Le temps d’un déjeuner, le Financial Times s’est entretenu avec François Hollande dans un restaurant parisien. “Six ans ont passé depuis sa décision fatidique de ne pas briguer de deuxième mandat en 2017”, et l’ancien président a toujours beaucoup à dire sur la politique. “Il regrette amèrement de ne pas s’être représenté. ‘Ce n’était pas une bonne décision ; je n’avais pas toutes les cartes en main pour la prendre.’

Premier et unique président de la Ve République à ne pas se présenter à sa réélection, “il aura été, en effet, comme un dirigeant qui aurait accédé au pouvoir par hasard”, écrit le Financial Times. François Hollande a certes connu depuis quelques réhabilitations. Sur son attitude vis-à-vis de la Russie de Vladimir Poutine, par exemple, à laquelle il avait refusé de livrer des porte-hélicoptères après l’invasion de la Crimée, en 2014.

Une crise dangereuse

Mais l’entretien accordé au quotidien britannique se concentre autant sur son passé de chef de l’État que sur le présent et l’avenir du pays. “La France, commente-t-il, traverse une crise dangereuse.” Après des mois de mobilisation contre une réforme des retraites finalement adoptée au 49.3, avec une Assemblée nationale sans majorité, le ras-le-bol pourrait-il pousser Marine Le Pen vers l’Élysée ? “C’est une analyse paresseuse”, estime Hollande. L’ancien locataire de l’Élysée n’écarte pas cette possibilité, mais il semble aussi croire encore possible un retour du traditionnel clivage entre la droite et la gauche. “Hollande estime que le macronisme est à bout de souffle.” Et il n’épargne pas son créateur, qui lui a succédé à l’Élysée.

“Dans un premier temps, [Emmanuel Macron] est parti du principe que le pays souffrait de rigidités, de blocages, notamment le clivage droite gauche, déclare l’ancien président. Il a dit : ‘Je vais libérer les énergies, je vais casser tout ça.’ Tout ce qu’il est arrivé à casser, c’est un système politique.” Interrogé sur la guerre en Ukraine et la position de l’actuel chef de l’État sur les questions internationales, François Hollande se montre aussi critique et porte un regard sévère sur la visite d’Emmanuel Macron à Pékin en avril. “Si l’on va en Chine en n’ayant en tête que ses intérêts économiques, en oubliant les intérêts politiques de la France, on est moins entendu, on est plus faible.”

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