François Bayrou complique le remaniement et avance pour 2027 : les conséquences de son coup de sang
POLITIQUE - Un cours digne de « Science Pau ». François Bayrou a surpris son monde, mercredi 7 février au soir, en annonçant à l’AFP qu’il ne comptait pas entrer au gouvernement, faute d’accords politiques sur la marche à suivre. La dernière vague du remaniement, attendue depuis une dizaine de jours, se fera donc sans lui.
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Pour justifier ce choix singulier, le maire de Pau évoque deux sujets précis comme point d’achoppement : la méthode de l’exécutif pour l’Éducation nationale, l’un de ses combats. Et la déconnexion du pouvoir en place avec le peuple français. Rien de moins.
Un refus retentissant, doublé d’une petite leçon de morale, qui pourrait entraîner des conséquences potentiellement multiples. Pour les mois à venir… Mais pas seulement, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête de l’article.
Compliquer (encore) davantage la tâche d’Attal et Macron
La plus immédiate concerne bien sur le remaniement. François Bayrou, dont le nom circulait pour prendre la suite d’Amélie Oudéa Castéra à l’Éducation nationale, affirme avoir refusé le ministère des Armées. Il se voyait bien, aussi, s’occuper d’Aménagement du territoire. En vain.
Cette fin de non-recevoir complique encore la tâche du couple exécutif, lequel comptait sur le centriste pour apporter son expérience au dispositif gouvernemental dirigé par le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Dans ce contexte, les déclarations du maire de Pau et l’étalage de ses discussions avec l’Élysée et Matignon, ne peuvent qu’alimenter les critiques en impréparation ou en attentisme fait à ce gouvernement incomplet.
Il n’en avait pas franchement besoin, alors que les tractations durent depuis maintenant un mois. D’autant que ce coup « made in Pau » ne se limite pas au remaniement.
Fragiliser une majorité déjà relative
C’est là tout le paradoxe de la fronde du président du MoDem : s’il affirme que son parti reste dans la majorité présidentielle, son coup de sang va immanquablement l’affaiblir dans la durée.
Pourquoi ? Il montre, tout d’abord, de vrais désaccords entre le président de la République et son premier allié. Des lézardes encore plus inquiétantes par temps de majorité relative.
En somme, si quelques députés MoDem (sur les 51) poursuivent cette logique réfractaire, Emmanuel Macron aura encore plus de mal à faire voter ses textes. Ce n’est pas tout.
Ce coup de sang offre ensuite des flèches faciles aux adversaires d’Emmanuel Macron.
De l’extrême droite à la gauche, tous relaient les critiques de François Bayrou et l’appellent à rejoindre l’opposition.
Dans ce contexte, on peut même évoquer les désaccords qui commencent à poindre au sein même du MoDem. Jean-Louis Bourlanges, une figure respectée du parti, parle de la stratégie de son chef comme étant « politiquement inepte » et « moralement dégradante. » Rude.
Accélérer la course à 2027
Enfin, ces déclarations sont aussi à mettre en relation avec les ambitions du centriste pour 2027. François Bayrou estime s’être sacrifié en 2017 pour permettre l’élection d’Emmanuel Macron en faisant alliance avec lui. Depuis, il n’a jamais fermé la porte à la course élyséenne.
Avec sa déclaration, le voilà de retour au centre du jeu et de l’attention. Surtout, le maire de Pau prend soin de ménager son propre couloir, plus central que celui de la politique présidentielle qu’il juge trop à droite. Une façon de prendre ses distances avec l’exécutif, et de ne pas être comptable de l’intégralité du bilan macroniste le cas échéant.
En somme : de mettre un petit coup d’accélérateur dans la pré-pré campagne pour 2027.
Ses potentiels concurrents, Édouard Philippe ou Gabriel Attal, sont prévenus : le Palois ne fera pas de politesse.
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