Ces Français qui changent de couette pour passer l’hiver à 19 degrés

Les ventes de couettes ont augmenté à l’approche d’un hiver plus « sobre » en France.
AntonioGuillem / Getty Images/iStockphoto Les ventes de couettes ont augmenté à l’approche d’un hiver plus « sobre » en France.

ÉNERGIE - « La chose la plus efficace, c’est de baisser un peu la clim’ (...) et d’essayer de se caler sur une référence de chauffage autour de 19 °C dans la pièce. Si on fait ce petit effort collectif, alors assez spontanément le pays pourra atteindre ses objectifs de sobriété. » Voilà l’appel que lançait Emmanuel Macron, le 5 septembre, pour présenter les grandes lignes du « plan de sobriété » du gouvernement face au risque de pénuries et l’augmentation des prix de l’énergie.

Si cette crise pèse fortement sur les Français, foyers comme entreprises, la stratégie des petits gestes a fait quelques gagnants. Dans ce magasin du centre-ville de Nancy par exemple, les ventes de sous-vêtements thermiques ont décollé au début du mois d’octobre. Le site « Douce bouillotte », contacté par Les Échos, a aussi vu ses commandes multipliées par trois en septembre.

Et pour devenir plus « sobres », alors que l’automne devrait sérieusement s’installer sur l’hexagone, certains Français comptent sur un autre produit : la couette.

Une « anticipation »

Depuis le début du mois de septembre, les ventes de couettes ont doublé chez Dodo et Drouault, deux marques de literie appartenant au même groupe français. Les demandes de couettes « chaudes » et « très chaudes » ont triplé, et même quintuplé sur les premières semaines de septembre, alors que la « sobriété » faisait la Une des journaux.

« Cette industrie dépend beaucoup de la météo : lorsqu’il fait froid, il y a toujours plus de demandes. Mais nous sommes ici dans un cas assez particulier, car les températures sont au-dessus des normales de saison », analyse Jonathan Hannaux, directeur adjoint du groupe Dodo, interrogé par Le HuffPost.

« Il y a eu une anticipation de la baisse des températures dans les appartements et maisons, qui a poussé les Français à acheter des couettes et couvertures », poursuit-il. Y compris du côté des marchés publics du groupe, comme les hôpitaux, maisons de retraite ou prisons, qui ont aussi augmenté leurs commandes.

« Il y a vraiment un questionnement du consommateur »

D’autres marques font le même constat. C’est le cas de la manufacture Castex, qui fabrique des couettes naturelles haut de gamme en duvet. En septembre, alors que les températures ont chuté, le nombre de commandes a augmenté de 17 % par rapport à 2021. Si la tendance a ralenti fin octobre, après un mois exceptionnellement chaud, elle est restée en légère progression.

« Il y a vraiment un questionnement du consommateur sur la problématique de la sobriété énergétique », explique Béatrice Nalpas-Cala, directrice des Opérations de Castex, contactée par Le HuffPost. Le service clients de la marque a en effet remarqué « de nombreux appels liés au chauffage, à la chaleur des couettes, à la spécificité du duvet qui est fortement isolant, thermorégulé et respirant », indique-t-elle. Le groupe Dodo a aussi remarqué sur son site Internet une augmentation des visites sur les pages regroupant des conseils pour choisir sa couette.

Chez Abeil, une marque de literie implantée à Aurillac, dans le Cantal, on remarque une « plus forte demande sur des couettes chaudes, hivernales », notamment de la part de la grande distribution (la marque approvisionne entre autres Carrefour, Conforama, Casino ou Leclerc), d’après Mélanie Prat Guillem, directrice commerciale & marketing. La tendance l’an dernier était plutôt à la couette tempérée, c’est-à-dire avec une fibre de garnissage plus légère.

Les marques ont bien entendu cette préoccupation

Certaines marques ont rapidement réagi à cette demande, alors que le sujet de la sobriété énergétique était évoqué dès cet été par le gouvernement. « Pour répondre à cette problématique de dormir au chaud avec un thermostat qui ne se déclenche pas au-dessus de 19 °C ou moins selon votre réglage, la couette naturelle en duvet est LA solution », se targue la manufacture Castex sur son site Internet.

Abeil a même lancé cette année une nouvelle gamme de couettes destinées aux pièces à la température inférieure à 18/19 °C. Dodo a aussi développé la sienne, baptisée « économie d’énergie », fabriquée dans l’usine de Saint-Avold en Moselle, « en écho à l’inflation énergétique et aux annonces gouvernementales ». « Nous avons beaucoup de stocks de composants, ce qui nous permet de réagir très vite », se félicite Jonathan Hannaux.

Tous les porte-monnaie semblent en tout cas concernés par cette préoccupation. La griffe Abeil remarque pour sa part une « inquiétude » sur le prix du produit. « En lien avec l’augmentation du prix des matières premières et toutes les hausses que subissent les Français, les gens se recentrent sur le premier prix », note Mélanie Prat Guillem. Chez Castex, qui fait du haut de gamme, le panier moyen de l’acheteur « a augmenté », ce qui est « partiellement lié à un ajustement des prix de vente à la rentrée mais aussi à un transfert d’achat sur des couettes plus chaudes donc plus coûteuses ».

Un achat « d’autant plus facile que les gens se disent qu’ils investissent sur 5, 6 ou 7 ans », estime Jonathan Hannaux. De quoi se préparer à de futurs hivers plus sobres, alors que l’Agence internationale de l’énergie alerte déjà sur le risque d’une pénurie de gaz en 2023-2024.

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