Les Français de Justice à Coachella pour défendre leur prochain album
Désormais habitué du prestigieux festival californien, le duo électro s'y est de nouveau produit ce week-end pour y présenter son nouvel album, Hyperdrama.
"Coachella, c'est un plaisir et un stress" : pour ouvrir un nouveau chapitre, Justice, duo phare de l'électro, s'est produit ce week-end dans ce festival californien à l'écho mondial, là où tout a commencé il y a 17 ans.
"On était tellement concentrés, je ne sais pas si on en a vraiment profité, mais on a l'impression qu'il s'est passé un truc", poursuit Xavier de Rosnay, au côté de son complice Gaspard Augé, en visio-conférence pour l'AFP quelques heures après leur show.
Confirmation de la presse spécialisée, comme sur le site du NME, bible britannique des musiques actuelles : "Justice est de retour et meilleur que jamais à Coachella".
Sur scène, "tout le reste devient abstrait"
La paire parisienne fait partie des habitués, déjà programmée en 2007, 2008, 2012 et 2017. Mais c'est toujours un pari avec de nouveaux morceaux : leur album Hyperdrama sort le 26 avril. Aux sourires dans le public, la partie est gagnée.
Gaspard Augé a ressenti "l'énergie du public car, quand il y a tellement de monde comme ça, tout le reste devient abstrait".
Pour ceux qui caricaturent l'électro en parlant de show où tout est programmé, la réalité est tout autre. "Une mauvaise action de l'un peut entraîner une commande contradictoire chez l'autre, on apprivoise notre chorégraphie", décrit Xavier de Rosnay.
"Machinerie"
Leur dispositif scénique en met plein la vue. Leur croix emblématique n'est plus présente physiquement sur scène mais naît d'un alignement lumineux. "C'est toujours un des premiers débats, 'est-ce qu'on la met ou pas ?' Mais, la croix, c'est un peu le chanteur de Justice", s'amuse Xavier de Rosnay.
Le périple international de leur croix passera par la France avec, entre autres, le festival We Love Green à Paris le 1er juin et Bercy (Accor Arena) les 17 et 18 décembre.
Leur griffe se note aussi dans leur décor. "C'est la même idée qu'avec notre musique, avoir ce côté très brut, cette machinerie qu'on voit puis qui disparaît, jongler avec ce côté mécanique et des moments plus magiques", dessine Gaspard Augé.
Phénomène 2000
En 2007, ils avaient imprimé les rétines à Coachella avec des amplis Marshall empilés - signature du rock - et des branchements volontairement très apparents. Leur morceau D.A.N.C.E. était devenu instantanément un tube mondial. Que retiennent-ils de cette époque ?
"L'euphorie et le soulagement, c'était le tout premier live de notre vie", souffle Xavier de Rosnay. Et de développer: "On se demandait si on était un vrai groupe, et là on avait rendu notre premier album à la maison de disques et on avait réussi à faire un concert, on existait".
"Membres honoraires"
Le mot "groupe" revient en fil rouge dans la conversation. Si la paire n'arbore plus sur scène les Perfecto, remplacés par des vestes, elle continue à fonctionner comme un gang de rock.
Qu'on ne leur parle pas de "featurings" pour leurs pairs conviés au banquet sur Hyperdrama mais de "membres honoraires de Justice", comme le glisse Gaspard Augé. Il y a les figures connues à l'international - Kevin Parker de Tame Impala, Thundercat et Miguel - et d'autres moins - The Flints, RIMON, Connan Mockasin.
Pour éviter le côté parfois "un peu stérile" de la "voix collée sur un instrumental", dit Gaspard Augé, les séances se sont faites en studio avec chacun des artistes. Et non par fichier-son interposé, usage répandu ailleurs. "Travailler en groupe, pour rebondir sur ce que propose l'autre", insiste le barbu du duo.
Il en résulte un album au beau souffle synthétique et organique. "Même si ça fait 20 ans qu'on existe (premier morceau travaillé en 2003, ndlr), tu ne sais jamais si les gens ont encore envie d'écouter ce qu'on fait", confie Gaspard Augé. Même tonalité chez son comparse: "On est incertains de tout, la seule chose que tu sais avec Justice, c'est qu'on est deux sur scène et qu'il y a une croix sur la pochette".