Frédéric Mitterrand est mort
Il avait réussi à se faire un prénom. Dans une famille qui porte un patronyme écrasant. Frédéric Mitterrand, décédé à l'âge de 76 ans, fut tour à tour journaliste, romancier, animateur télé et radio, réalisateur, producteur, scénariste, enseignant, éditeur, directeur de la villa Médicis à Rome, puis ministre de la Culture et de la Communication. Le parcours complet et réussi d'un amoureux des arts, et des artistes, d'un homme de culture qui défendait ses goûts.
Il faut regarder son Madame Butterfly tourné dans le respect absolu de l'opéra de Puccini. Il faut voir Les Aigles foudroyés, une série de sept documentaires sur les dynasties européennes destituées au début du XXe siècle. Il faut lire La Mauvaise Vie, récit autobiographique et amer d'un homme à la vie sentimentale chaotique. Il faut revoir ses émissions dédiées au septième art, à ce cinéma des stars intouchables, des vedettes indémodables qu'il arpentait comme un prêtre fait sienne sa sacristie. Mitterrand ne se prenait pas au sérieux, mais il entreprenait tout ce qu'il faisait avec sérieux. Sa conversation montrait son savoir discret. Il ne cherchait pas à éblouir, mais il connaissait le pouvoir des mots. Il détestait ceux qui faisaient briller leur petit vernis. Il les débusquait en quelques phrases et les confrontait à leur vacuité. Épris de liberté, il avait la dent dure et savait profiter de l'autorité que lui conférait son aisance orale.
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