Ce fossile d’arbre au look extraterrestre a stupéfait plus d’un scientifique

Fossile de Sanfordiacaulis densifolia à feuilles composées disposées en spirale. Le fossile permet de voir clairement le tronc (gauche) et les feuilles (droite et bas).
Robert A. Gastaldo Fossile de Sanfordiacaulis densifolia à feuilles composées disposées en spirale. Le fossile permet de voir clairement le tronc (gauche) et les feuilles (droite et bas).

ARBRE PRÉHISTORIQUE - Une sorte d’étrange palmier préhistorique, avec des feuilles en forme de lames : voilà à peu près à quoi ressemble cette nouvelle espèce d’arbre unique en son genre. Reconstituée à partir d’un fossile, Sanfordiacaulis densifolia a été présentée dans une étude parue le 2 février dans Current Biology. Sur bien des aspects, cette découverte a surpris les chercheurs.

« Nous avons tous une idée mentale de ce à quoi ressemble un arbre, selon l’endroit où nous vivons sur la planète », explique pour Sciences et Avenir Robert Gastaldo, paléontologue au Colby College aux États-Unis et l’un des auteurs de cette étude. Ce dernier ajoute qu’ici, « le fossile dont nous parlons est unique et constitue une forme de croissance étrange dans l’histoire de la vie ».

Voici une reconstitution numérique du Sanfordiacaulis, cette nouvelle espèce d’arbre vieille de 350 millions d’années. (Crédit image : Tim Stonesifer 2)
Tim Stonesifer 2 Voici une reconstitution numérique du Sanfordiacaulis, cette nouvelle espèce d’arbre vieille de 350 millions d’années. (Crédit image : Tim Stonesifer 2)

Le résultat d’un tremblement de terre

Le premier reste fossilisé de cette nouvelle espèce a été découvert en 2017, mais il était très partiel. Une équipe internationale de paléontologues a alors retroussé ses manches et fouillé le site. Cela leur a permis de découvrir quatre autres arbres fossilisés dans un état remarquable. La raison probable à cela est qu’un tremblement de terre a renversé les arbres, les enterrant dans la boue qui s’est ensuite retrouvée au fond d’un lac. De quoi laisser des empreintes parfaites du tronc, des feuilles.

Olivia King, une des autrices de cette découverte pose à côté de l’un des spécimens de Sanfordiacaulis.(Crédit image : Matthew Stimson)
Matthew Stimson Olivia King, une des autrices de cette découverte pose à côté de l’un des spécimens de Sanfordiacaulis.(Crédit image : Matthew Stimson)

Selon les chercheurs, cet arbre préhistorique est vieux, très vieux. Il aurait vécu il y a 350 millions d’années, dans la période du Carbonifère, bien avant les hominidés...et peu de temps après l’émergence de la vie. À cette époque, la quantité de dioxyde de carbone dans l’air baisse, et le taux d’oxygène dans l’air bat des records. Avec des conséquences en cascade sur la faune la flore : des insectes à la taille XXL, et l’émergence des tout premiers arbres.

On pouvait ainsi croiser un scorpion de la taille d’un petit chien ou voir ramper un mille-pattes (Arthropleura) de plus de deux mètres. C’est quasiment la même taille que cette nouvelle espèce d’arbre, dont le tronc mesurait environ 2,7 mètres de haut. À cela s’ajoute une épaisse touffe de feuilles qui s’étendaient du tronc en « spirales étroitement comprimées » révèle l’étude.

Un arbre totalement unique

Sanfordiacaulis densifolia a ainsi une physionomie très étrange, sans branches à proprement parler. « La façon dont cet arbre a produit des feuilles extrêmement longues autour de son tronc, ainsi que leur nombre sur une courte longueur de tronc, est surprenante », détaille dans un communiqué Robert Gastaldo. Actuellement, il n’existe aucune plante connue qui lui ressemble.

Panel des différentes espèces d’arbres et leurs hauteurs à l’époque du Dévonien moyen au Pennsylvanien et une comparaison avec la nouvelle espèce découverte.
https://www.cell.com/current-biology/fulltext/S0960-9822(24)00011-3?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS0960982224000113%3Fshowall%3Dtrue# Panel des différentes espèces d’arbres et leurs hauteurs à l’époque du Dévonien moyen au Pennsylvanien et une comparaison avec la nouvelle espèce découverte.

La raison à cela n’a pas encore été déterminée, mais il pourrait s’agir d’une évolution qui n’a pas perduré dans le temps. « L’évolution du règne végétal a connu de nombreuses formes expérimentales différentes qui ont été couronnées de succès pendant plusieurs millions d’années, voire plus, mais qui n’ont pas survécu à l’épreuve du temps », explique Robert Gastaldo.

Ce qui est sûr, c’est que cette découverte démontre que de petits arbres ont pu pousser sous la canopée forestière en formation à l’époque. Selon les scientifiques, la disposition des feuilles en spirale avait pour but de maximiser la quantité de lumière solaire capturée pour la photosynthèse. Une stratégie qui n’a pas passé l’épreuve des années.

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