Des forteresses romaines révélées par d’anciens satellites espions américains

Dans les années 1920, le prêtre jésuite Antoine Poidebard a pris des photos aériennes du désert syrien, à la frontière avec la Turquie, alors qu’il survolait la zone à bord d’un biplan. Pendant un siècle, les archéologues ont pensé que les forts visibles sur ses clichés étaient les avant-postes de la frontière orientale de l’Empire romain. Érigée en l’an 300, cette frontière défensive devait servir à repousser l’Empire sassanide rival, raconte Science.

Mais des images acquises par des satellites espions américains pendant la guerre froide permettent d’imaginer une tout autre fonction à ces édifices : ils auraient eu plutôt une vocation commerciale.

Zone où ont été découvertes des forteresses romaines . COURRIER INTERNATIONAL, SCIENCES.ORG
Zone où ont été découvertes des forteresses romaines . COURRIER INTERNATIONAL, SCIENCES.ORG

Les images satellitaires acquises en orbite basse, regroupées sous les noms de code “Corona” et “Hexagon”, ont été déclassifiées par le gouvernement américain dans les années 1990, ce qui a permis aux archéologues d’approfondir l’exploration par les airs de la région. “Datant d’avant l’agriculture industrielle, ces photos montrent des éléments du paysage qui ont été depuis modifiés ou détruits par les charrues mécaniques. Par le passé, des spécialistes s’en sont servies pour identifier des vestiges de civilisations, comme des villes en ruine, des réseaux routiers ou encore des monticules laissés par d’anciens édifices en brique crue”, précise Science.

Et en les examinant, Jesse Casana et ses collègues du Dartmouth College, aux États-Unis, ont découvert que ces clichés montraient autre chose que les photos d’Antoine Poidebard. Il y a bien non seulement un alignement, du nord au sud, de petits édifices carrés ou rectangulaires caractéristiques des constructions militaires romaines, mais aussi des centaines d’autres d’est en ouest, du fleuve Tigre à la Méditerranée.

“Ces emplacements suivent les routes commerciales probables qui reliaient autrefois les ports romains de la Méditerranée aux voies commerciales de la route de la Soie”, indique la revue scientifique. Cela, ajouté au fait que les petits forts n’auraient sans doute pas pu résister à une invasion, laisse penser aux archéologues qu’il s’agirait plutôt de postes de péage et de ravitaillement pour les caravanes de commerçants.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :