Ford fermera l'usine de Blanquefort s'il ne trouve pas d'acheteur

BLANQUEFORT, Gironde (Reuters) - Ford a annoncé jeudi qu'il fermerait son usine FAI de boîtes de vitesse située à Blanquefort (Gironde), qui compte un effectif de 900 personnes, s'il ne trouve pas d'acheteur avant son désengagement annoncé à la fin de 2019.

Dans un communiqué, le constructeur américain précise avoir soumis aux syndicats du site un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), précisant s'engager à ne procéder à aucun licenciement avant septembre 2019.

Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui a annoncé la perspective d'un PSE avant que Ford ne le fasse, a dit "vivement" regretter la décision du groupe américain.

Un porte-parole de Ford a précisé que le constructeur discutait avec un acheteur potentiel sans vouloir en dire plus.

Selon la presse, le fournisseur de systèmes de transmission Punch Powerglide est en pourparlers avec Ford au sujet du site.

Dans un communiqué, le groupe Ford indique que dans le cadre du processus d'information consultation, il a présenté "un PSE complet qui inclut des programmes de redéploiement et de pré-retraite, ainsi que des mesures pour aider les salariés à rejoindre de nouveaux employeurs dans l'hypothèse où aucun repreneur ne serait trouvé et où le site devrait fermer".

UNE USINE DEJA CEDEE

"Ce n'est pas une surprise. Cela fait cinq ans que les dirigeants de Ford ont prévu la fermeture de l'usine, quoi qu'ils en disaient jusque-là, et ils continuent de dérouler leur plan, leur stratégie, d'abattre leurs cartes petit à petit. Ils s'amusent toujours à faire miroiter qu'il pourrait y avoir une reprise mais sans laisser ni finances ni activité industrielle. Jamais une reprise ne pourra se faire dans ces conditions-là", a dit à Reuters Vincent Alauze, délégué CGT.

Les salariés attendent désormais ce que va être la stratégie de l'Etat. Dans un communiqué, Bruno Le Maire a estimé qu'un PSE n'était pas justifié puisque les échéances sont en 2019.

Il dit faire "de la pérennité du site industriel et du maintien de l'emploi sa priorité absolue", notamment en s'"assurant du sérieux des discussions de Ford avec d'éventuels repreneurs".

En 2009, Ford avait déjà cédé son usine de Blanquefort à HZ Holding, une entreprise allemande qui n’était pas parvenue à maintenir une activité suffisante. Sous la pression des syndicats et des pouvoirs publics, le constructeur américain avait repris son usine en 2011 et s’était engagée en 2013 à maintenir 1.000 emplois jusqu’à mai 2018 sous condition de versements des aides publiques.

Dans un communiqué commun, les autorités locales, dont la mairie et le Conseil régional, jugent "incompréhensible" la décision du constructeur américain qui a pu selon elles moderniser l'usine grâce à des fonds publics.

"Grâce à ce soutien, l'usine dispose d'un outil de production et de compétences répondant aux dernières exigences de l'industrie automobile. Ces atouts, reconnus par Ford, risquent de disparaître alors que Ford dispose d'un candidat qui permettrait d'assurer immédiatement la continuité du site."

Le prochain comité d'entreprise est prévu le 26 juin.

(Claude Canellas, avec Laurence Laurence Frost et Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)