Le "forcené des Cévennes", Valentin Marcone, condamné à 30 ans de prison, dont 15 années de sûreté

Le "forcené des Cévennes", Valentin Marcone, condamné à 30 ans de prison, dont 15 années de sûreté

Coup de folie, comme l'a plaidé l'accusé, ses proches et la défense, ou acte prémédité comme l'avaient mis en avant les enquêteurs qui ont renvoyé Valentin Marcone pour "assassinats"? La cour d'assises du Gard a penché pour la seconde version et a condamné cet homme de 32 ans à 30 ans de réclusion, dont 15 années de sûreté. Il était jugé depuis mercredi dernier pour avoir tué le 11 mai 2021 Luc Teissonnière, son patron, et Martial Guérin, un de ses collègues.

Au premier jour de ce procès, Valentin Marcone avait dit "avoir pété un plomb", se présentant comme une victime d'une "accumulation de brimades". Ce 11 mai 2021, il était venu armé et équipé d'un gilet pare-balles à son travail dans une scierie aux Plantiers, petit village au cœur des Cévennes. Il avait tué d'une balle dans la tête son patron et un de ses collègues.

"J'entends que Luc et Martial discutent de me virer pour faute grave, sinon ça va coûter trop cher à l'entreprise. Puis Luc sort et me dit que j'ai pas dit bonjour et que je l'ai insulté. J'ai pété un plomb! J'ai dit à Luc 'Tu te fous de ma gueule?' Martial m'a dit, 'tu es fou?' J'ai pété un plomb, j'ai sorti mon arme, j'ai tiré dessus", a raconté l'accusé, son visage juvénile semblant n'exprimer aucune expression.

30 ans requis

Pour l'accusation, ce procès a permis de relever que la préméditation n'était pas établie dans ce dossier. L'avocat général a donc requis 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, soit 20 ans. Il a évoqué deux meurtres concomitants, une circonstance aggravante lui faisant encourir 30 ans au maximum.

Dans son réquisitoire, le magistrat a aussi estimé que le discernement de Valentin Marcone était "altéré" au moment des faits.

"Je vous demande de prononcer cette peine de 30 ans, qui est à la mesure de la gravité des faits, de la douleur insoutenable" des familles, avait réclamé l'avocat général.

Unique témoin de la scène et seul survivant, Vincent Amalric a évoqué une autre version, décrivant un tueur "calme". "Une fois qu'il a tué Luc et Martial, c'est comme si rien ne s'était passé. Il était calme, comme il était tous les jours", a détaille le jeune homme, 19 ans au moment des faits.

"Frange paranoïaque"

La personnalité était au cœur des débats. Les proches de Valentin Marcone ont parlé d'un "super papa" et ont assuré n'avoir rien vu venir. À l'enquêtrice de personnalité qui l'interrogera après les faits, il expliquera "toujours suivre les règles de manière très stricte". Les "problèmes" de l'accusé, ce sont ses relations de plus en plus conflictuelles avec son employeur, le maire du village, le frère de celui-ci et un gendarme.

Pour Alain Pénin, expert psychologue, Valentin Marcone "coche toutes les cases d'une personnalité obsessionnelle". Ses ennuis ont débouché sur une "insatisfaction permanente, une méfiance soupçonneuse à l'égard des autres, dont le comportement est toujours mal interprété". "Une petite remarque non-agressive semble avoir déclenché" son passage à l'acte, ajoute l'expert.

Le psychiatre Laurent Layet a expliqué à la cour que l'accusé avait évoqué devant lui d'autres "brimades", remontant à ses années de collège. "Quand il lui arrive quelque chose, ça va tourner dans sa tête, il intériorise, il a un mode de vie replié, dans une forme de vase clos" familial, a ajouté le psychiatre, en décelant chez Valentin Marcone une personnalité "dans la frange paranoïaque". "On peut considérer qu'au moment des faits, il était atteint d'un trouble ayant altéré son discernement, altéré sa perception de la réalité", a aussi estimé le psychiatre.

Article original publié sur BFMTV.com