« Football Leaks » : Rui Pinto condamné à quatre ans de prison pour piratage et tentative d’extorsion

Le lanceur d’alerte derrière les « Football Leaks », Rui Pinto, lors de son arrivée au tribunal  de Budapest, en mars 2019.
FERENC ISZA / AFP

JUSTICE - Près de 90 charges pesaient sur le lanceur d’alerte qui avait secoué la planète foot en 2016. Le Portugais Rui Pinto, à qui l’on doit les révélations des « Football Leaks » a été condamné à quatre ans de prison avec sursis ce lundi 11 septembre à Lisbonne pour huit crimes informatiques et tentative d’extorsion contre le fonds d’investissement Doyen Sports.

« Pour l’essentiel, les faits décrits (dans l’acte d’accusation) ont été considérés comme prouvés », a ainsi déclaré la juge-présidente Margarida Alves devant un tribunal de Lisbonne. Rui Pinto a été condamné pour cinq faits d’« accès illégitime » à des systèmes informatiques et trois faits de « violation de correspondance aggravée », a-t-elle précisé.

« La liberté d’informer ne permet pas de justifier la violation de la vie privée », a d’ailleurs asséné la juge-présidente.

En ce qui concerne l’accusation de tentative d’extorsion, « le tribunal n’a eu aucun doute. (...) Il a été clairement établi qu’il (Rui Pinto, ndlr) voulait recevoir de l’argent », a affirmé la juge Margarida Alves.

Selon l’accusation, le Portugais aurait voulu faire chanter le patron de Doyen, son compatriote Nélio Lucas, en lui réclamant entre 500 000 et un million d’euros pour cesser de publier des documents compromettants. Pour autant, Rui Pinto a dit regretter son comportement envers Doyen Sports et Nélio Lucas, en le décrivant comme « une énorme bêtise » et en assurant qu’il n’avait jamais eu l’intention d’aller au bout de son chantage.

Scandale mondial pour le ballon rond

Comparaissant libre, celui qui est à la fois prévenu et témoin protégé de la justice de son pays se trouvait dans la salle d’audience masque chirurgical sur le visage et avec son look habituel : cheveux en brosse, chemise bleu foncé, jeans et baskets.

Le jeune homme de 34 ans revendique un rôle de lanceur d’alerte, mais a reconnu devant ses juges avoir commis des intrusions informatiques illégales pour obtenir des millions de documents qu’il a commencé à publier directement sur internet fin 2015. Au moment du jugement, l’intérêt public de ses révélations n’a finalement pas eu de réelle incidence sur la décision des juges (comme l’espéraient ses avocats), d’autant plus que le statut de lanceur d’alerte n’existe pas au Portugal.

Transmise à un consortium de médias d’investigation européens, cette manne d’information a mis en lumière des pratiques douteuses impliquant joueurs vedettes, clubs et agents, qui ont ensuite fait l’objet de redressements fiscaux et d’enquêtes judiciaires dans plusieurs pays.

De la publication des salaires de Lionel Messi ou Neymar à une accusation de viol contre Cristiano Ronaldo, entretemps classée sans suite, en passant par les stratégies de contournement du fair-play financier de Manchester City ou par le fichage ethnique au Paris Saint-Germain, la planète foot avait été profondément secouée par cette gigantesque fuite d’informations.

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