Football: une internationale du Salvador demande la libération de son frère, détenu par le régime autoritaire

En lutte contre un régime autoritaire. L'international salvadorienne et joueuse de l'Alianza Women, Irma Molina, a demandé la libération de son frère Amilcar Geovanny Martínez Molina, détenu dans le cadre du régime d'exception mis en place depuis 2022, par le biais d'une lettre ouverte au président réélu, Nayib Bukele, qui se fait appeler "le dictateur le plus cool de la planète".

"En tant que famille, nous demandons sa liberté, car il est privé de liberté dans la prison de Mariona depuis un an et sept mois. Il est innocent, son cas fait l'objet d'une enquête depuis plus d'un an et rien n'a été trouvé, il n'est pas membre d'un gang, nous sommes une humble famille qui vit dans des zones exposées, des zones vulnérables et pauvres", réclame la lettre, relayée par les médias locaux.

Arrêté lorsqu'il était mineur

Irma Molina explique dans la lettre que son frère a été arrêté par des soldats le 31 août 2022, alors qu'il se rendait à l'école, "ils ont pris son uniforme et son sac à dos avec ses fournitures scolaires, ils l'ont fouillé et n'ont rien trouvé". Les soldats auraient dit à son père "qu'ils allaient seulement l'emmener à Bartolinas et qu'ils le relâcheraient immédiatement, mais cela n'a pas été le cas".

Amilcar Geovanny Martínez Molina a été arrêté alors qu'il était en troisième et, comme sa sœur, il jouait au football et était membre de la Liga Atlética Policial. Elle assure avoir transmis toutes les informations, notes scolaires comprises, à la justice mais que "les avocats du bureau du procureur général" affirment ne "rien avoir" et précisent que son frère "n'avait été capturé qu'en raison du régime d'exception".

Des arrestations autoritaires

Irma ajoute que son frère fait partie de la "marge d'erreur des personnes détenues". Le régime d'exception est mis en place depuis le 27 mars 2022, après que l'Assemblée législative a approuvé la mesure à la demande de l'exécutif, à la suite d'un week-end marqué par 87 meurtres, qui auraient été commandés et exécutés par le gang de la Mara Salvatrucha.

Depuis, le régime d'exception a envoyé en prison plus de 79 211 "membres présumés" de gangs, selon les statistiques du ministère de la justice. La mise en place de ce régime d'exception a suspendu les droits constitutionnels et a permis l'arrestation massive de personnes sans qu'il soit nécessaire d'en connaître les motifs et de les inculper au pénal, selon un processus modifié ces dernières années par les députés.

Un autre joueur également touché

Des dizaines d'innocents remplissent depuis les méga-prisons ultra strictes salvadoriennes, ce qui inquiète la communauté internationale. Au début du mois d'avril, un autre joueur salvadorien, Marcelo Diaz, également international et évoluant au CD Aguila, avait déjà envoyé une lettre à Bukele pour demander la libération de son père, arrêté le 30 mars au stade Cuscatlán alors qu'il était allé le voir jouer.

Une lettre qui a fait le tour des réseaux sociaux et s'étaient avérée efficace, puisque le père de Gerber Díaz a été libéré alors qu'un tribunal l'avait déjà inculpé pour groupement illicite et avait ordonné son maintien en prison. Gerber Díaz Ramírez a passé plus de 15 jours dans la prison d'Izalco.

Article original publié sur RMC Sport