La fonte record du Groenland en 2023 pourrait être responsable d’une vague de chaleur cet été

La fonte record du Groenland en 2023 risque d’avoir des conséquences sur les chaleurs de cette été en France.
Paul Souders / Getty Images La fonte record du Groenland en 2023 risque d’avoir des conséquences sur les chaleurs de cette été en France.

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE - La fonte des glaces contribue au réchauffement climatique, la musique est bien connue. Ce qui l’est moins, c’est que le réchauffement climatique c’est à quel point les deux sont directement liés, et l’Europe pourrait le ressentir dès cet été avec une grosse vague de chaleur. La raison ? La fonte record du Groenland l’année dernière. Voilà ce que suggère une nouvelle étude parue le 28 février dans European Geosciences Union.

Ce « signal d’alerte » trouvé par les chercheurs nous dira quand le climat va s’effondrer

Le lien vient de l’eau douce : celle qui provient de la fonte des glaces déclenche une série d’amplifications dans l’eau de mer, qui affectent ensuite la force et la position du jet-stream dans l’atmosphère. Or, c’est l’un des principaux courant d’air influençant la météo. Cette étude n’est bien évidemment pas la première à se pencher sur la question. « Des liens individuels dans cette chaîne de rétroaction ont déjà été discutés », explique Marilena Oltmanns du National Oceanography Centre au Royaume-Uni, ajoutant que « ce que nous avons fait dans cette étude, c’est mettre ces liens ensemble. »

Pour faire simple, plus d’eau douce déversée dans l’océan signifie plus de chaleur en Europe. Afin de le démontrer, les chercheurs ont analysé les observations météorologiques au cours des quarante dernières années, qui, selon eux, montrent que les extrêmes météorologiques sont en fin de compte le résultat de périodes de fonte accrue de la glace du Groenland.

Concrètement, comment ça marche ?

Lorsque l’eau douce fond au Groenland, elle se répand en une couche peu profonde qui se propage au sud de l’océan Atlantique Nord. Cette dernière se mélange mal à l’eau plus chaude et plus salée. Cela crée un écart de température plus fort entre les eaux froides et celles plus chaudes. En conséquence, cela renforce le vent, qui pousse l’eau chaude qui coule vers le nord - le courant de l’Atlantique Nord - encore plus au nord que d’habitude.

De quoi amplifier les températures dans l’air. Et ce phénomène climatique, il n’a pas lieu en quelques mois, il dure. La chercheuse et son équipe suggèrent explique ainsi que « nous voyons toujours des signaux significatifs deux ans après que l’anomalie de l’eau douce se soit produite », affirme la chercheuse.

Autre problème, cela peut favoriser les tempêtes. « Ces fronts qui se créent entre les régions où nous avons de l’eau douce froide et les régions où nous avons de l’eau océanique plus chaude sont la principale source d’énergie pour les tempêtes », ajoute Marilena Oltmanns du National Oceanography Centre au Royaume-Uni.

Plus de fonte = plus de chaleur

Les chercheurs ont remarqué que durant cette période, les 10 étés les plus chauds et les plus secs que l’Europe à connu surviennent à chaque fois qu’il y a eu l’année précédente des fontes importantes au Groenland. 2018 et 2022 sont les exemples les plus récents. Sur ces années, l’Europe à connu de grosses chaleurs.

À cela s’ajoutent de nombreux feux de forêts. On se souvient de ceux qui avaient ravagé le sud-ouest de la France il y a deux ans. Pour 2024, préparez-vous, le programme risque donc d’être similaire. Les vagues de chaleur pourraient même être encore plus fortes en 2025, et commenceront alors à affecter l’Europe du Nord. « Nous estimons que nous aurons une autre forte vague de chaleur et une sécheresse non pas cette année dans le nord de l’Europe, mais dans les années à venir », relève la chercheuse.

Seul léger point positif, cette étude ouvre un champ de recherche intéressant pour les scientifiques. « Le lien proposé dans cette étude entre les anomalies de l’eau douce de l’Atlantique et la météo estivale en conséquence au-dessus de l’Europe est intrigant et pertinent pour la recherche scientifique », a déclaré le chercheur du Met office Adam Scaife. Cela pourrait notamment permettre d’améliorer les prévisions à long terme de la météo estival.

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