Comment fonctionne mon carnet de santé numérique, utilisé par 16 % des Français
SANTÉ - Ils sont environ 11 millions de Français à l’avoir adopté. 15,6 % de la population utilisent Mon Espace Santé, le carnet de santé numérique, selon des chiffres publiés ce lundi 5 février par la délégation au numérique en santé (DNS).
Ce service numérique, lancé en février 2022, permet aux assurés sociaux de conserver au même endroit, en ligne donc, tous leurs documents de santé : résultats d’analyse biologiques, compte-rendu d’hospitalisation ou de consultation, ordonnance.. « Toutes les semaines, 300 000 personnes se connectent pour utiliser Mon Espace Santé, pour le consulter ou pour y verser des documents », a indiqué à l’AFP Hela Ghariani, qui co-dirige cette délégation.
Cet espace est censé faciliter la prise en charge des patients en permettant aux professionnels de santé de remonter plus facilement dans les historiques d’examens et de soins. Chaque assuré social dispose d’un « Mon Espace Santé » à son nom, alimenté automatiquement, sauf s’il s’y oppose.
Aujourd’hui, 20 millions de documents de santé sont envoyés tous les mois sur ces espaces numériques. Les laboratoires d’analyse biologique et les hôpitaux sont déjà nombreux à y envoyer automatiquement les documents de santé de leurs patients.
L’application téléchargée 2,5 millions de fois
« Aujourd’hui, 51 700 médecins libéraux ou maison de santé ou centres de santé sont équipés » de logiciels compatibles avec Mon Espace Santé, déclare Hela Ghariani, qui pointe « une nette progression sur la fin d’année dernière » en nombre de documents versés par la médecine de ville. « Ça doit encore avancer ».
En effet, tous les nombreux logiciels utilisés par les médecins libéraux pour l’alimentation en ordonnance ou comptes-rendu de consultation des Espaces santé de leurs patients ne sont pas encore à jour et opérationnels pour s’y connecter.
L’application permettant d’accéder à son Espace santé via le smartphone a pour sa part été téléchargée 2,5 millions de fois, selon la DNS. Selon un baromètre 2024 sur les Français et le numérique en santé publié lundi par la DNS, 90 % des Français ont déjà eu recours à au moins un outil ou service numérique de santé (prise de rdv, téléconsultation, téléservices de l’Assurance maladie ou de la mutuelle, objets connectés...).
Selon ce baromètre, réalisé en ligne en novembre par Harris Interactive, auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 personnes, 82 % des Français déclarent connaître Mon Espace Santé.
Quid du « droit à l’oubli médical » ?
Des critiques sur son fonctionnement subsistent, notamment en ce qui concerne le respect de la vie privée. Aucune historisation ou archivage n’est prévue, ni aucune possibilité de suppression d’un document, sauf par son émetteur lui-même, lorsqu’il s’agit du patient. Toute information placée dans ce dossier y reste donc, même après la mort de son utilisateur et l’accès à ces données est sans limite dans le temps.
Dans une tribune publiée dans Le Monde, le Conseil national de l’ordre des sages-femmes, profession qui intervient quotidiennement dans l’intimité de la vie des femmes et des couples, soulignait par exemple en juin dernier l’importance cruciale du « droit à l’oubli médical », en particulier dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive.
« C’est pourquoi il est impératif de modifier rapidement le cadre législatif de Mon espace santé et du DMP. Les citoyens doivent pouvoir masquer, historiser et supprimer leurs données de santé, s’opposer librement à l’ajout d’informations dans leur DMP, et les mineurs doivent pouvoir masquer les données relatives à leur contraception à la demande », réclamait Marianne Benoit Truong Cann, secrétaire générale du Conseil national de l’ordre des sages-femmes.
Si vous faites la démarche de clore Mon espace santé, vos données seront conservées 10 ans. « Vous pouvez demander la suppression de toutes vos données, de celles de votre enfant ou de la personne majeure dont vous assurez la représentation lors de la clôture de Mon espace santé », indique le site.
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