«Le fonctionnariat, ça n’a jamais été une fin en soi»

Céline38 ans, fonctionnaire territoriale, chargée d’études documentaires dans un musée, à Marseille

Elle pensait avoir fait le plus dur. Quand Céline (1) décroche son DEA en sciences sociales à Paris, elle enchaîne d’abord les petits boulots, comme vendeuse ou assistante d’éducation dans un collège. C’est une rencontre dans un musée parisien qui lui permet enfin de décrocher ses premières missions dans sa branche, sur ses terres marseillaises. «J’ai fait trois ans de vacation avant que l’on me propose un poste, raconte-t-elle. C’était en catégorie C, alors que comme vacataire, j’étais en catégorie A… Mais c’était ça ou rien, je devais accepter si je voulais faire le métier qui correspondait à mes cinq ans d’études.» Car dans la filière culturelle, les postes sont rares. Comme Céline, nombreux sont les agents qui doivent se contenter d’un salaire en décalage total avec leurs diplômes. «En tant que vacataire, j’étais payée 1 600 euros net par mois, souligne la jeune femme. Aujourd’hui, j’ai dix ans d’expérience et je suis à 1 300 euros… Y a quand même un problème !»

Céline a bien essayé de passer des concours en interne pour changer de catégorie et renforcer son salaire, «mais ils ne sont ouverts que tous les trois ans et on se retrouve à 600 candidats pour trois postes, c’est trop compliqué». Et les réformes à venir, notamment dans les collectivités territoriales, ne la rassurent pas vraiment. Outre les bouleversements annoncés dans le mille-feuille territorial, la mise en place du régime indemnitaire des fonctionnaires d’Etat, le nouvel outil de calcul des indemnités pour les fonctionnaires, censé notamment clarifier le système de primes, la laisse «dubitative» : «On nous dit qu’on sera plus payés au mérite, mais ça reste flou, précise-t-elle. Le système de prime reste très opaque. Il faut être dans les petits papiers, avoir des appuis politiques… C’est rarement au mérite.» Difficile, dans ces conditions, de s’imaginer un avenir dans la fonction publique. «Ça fait (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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