La FNSEA appelle à suspendre le blocage des raffineries

La présidente de la FNSEA Christiane Lambert. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont demandé mercredi à leurs troupes de suspendre le blocage des raffineries et dépôts pétroliers entamé dimanche après avoir obtenu des garanties du ministre de l'Agriculture sur certaines revendications. /Photo prise le 11 juin 2018/REUTERS/Stéphane Mahé

PARIS (Reuters) - La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont demandé mercredi à leurs troupes de suspendre le blocage des raffineries et dépôts pétroliers entamé dimanche après avoir obtenu des garanties du ministre de l'Agriculture sur certaines revendications.

"On va demander à notre réseau de suspendre dès maintenant les blocages de sites", a déclaré le président des Jeunes agriculteurs (JA), Jérémy Decerle, lors d'une conférence de presse commune avec la FNSEA. "Il y a aujourd'hui beaucoup d'ouverture, beaucoup de rendez-vous fixés."

La dirigeante de la FNSEA Christiane Lambert a souligné que la suspension serait progressive dans la journée et n'a pas écarté de "revenir" bloquer les raffineries.

Selon un porte-parole de Total, la levée du blocage a commencé en fin d'après-midi et devait s'achever jeudi, signant la fin d'un mouvement qui a causé des pénuries dans 145 stations essence sur un réseau de 2.200 en France, sans affecter l'activité interne des raffineries du groupe.

La FNSEA avait appelé cette nuit au maintien des blocages, à l'issue de négociations avec le ministre de l'Agriculture, mais la réception d'un projet de lettre de Stéphane Travert a permis dans la matinée de débloquer la situation. Les agriculteurs qui occupent les sites bloqués sont des chefs d'exploitations qui doivent retourner travailler, a expliqué Christiane Lambert.

"C'est une suspension parce que nous avons pointé des sujets qui ne se régleront pas en claquant des doigts. Si nous n'avons pas dans les semaines qui viennent des réunions sur les chantiers ouvert nous reviendrons", a-t-elle déclaré.

Le mouvement a été déclenché par l'autorisation donnée à Total d'importer de l'huile de palme pour faire tourner sa raffinerie de biocarburants de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône.

TRAVAILLER AVEC LA FILIÈRE COLZA

La FNSEA demande au gouvernement de défendre, lors de discussions prochaines avec Total, une diminution des importations d'huile de palme et un relèvement des volumes de colza français achetés au-delà du seuil de 50.000 tonnes avancé pour le moment, à un tarif fixé en accord avec les filières.

"Ce que nous demandons à l'entreprise Total, c'est de travailler avec la filière colza pour contractualiser", a déclaré le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert lors d’un point presse où il s’est dit satisfait "d’être parvenu à un accord et de voir cesser les perturbations pour nos concitoyens".

"Nous souhaitons que Total puisse aller plus loin que ces 50.000 tonnes, et qu'on fasse se croiser les courbes entre les 300.000 et les 50.000 et qu’à terme elle puisse s’approvisionner en colza français", a-t-il ajouté.

"Nous défendrons avec force nos lignes rouges (...) nous défendrons nos filières" à l'intérieur du cadre européen, a-t-il assuré, citant notamment la lutte contre la concurrence déloyale liée à des normes agricoles inférieures.

Selon le deuxième vice-président de la FNSEA Henri Bies-Péré, Emmanuel Macron va s'entretenir avec le PDG de Total Patrick Pouyanné en fin de semaine.

Total s'est engagé à limiter l'approvisionnement en huile de palme brute de la bioraffinerie de La Mède à moins de 50% des volumes de matières premières traitées sur le site, soit 300.000 tonnes au maximum par an.

RÉUNIONS EN JUILLET

Une réunion du comité de rénovation des normes est prévue le 13 juillet, associant les ministères de l'Agriculture, de la Transition écologique, du Travail et de la Santé pour aborder notamment les distorsions intracommunautaires, a déclaré Christiane Lambert.

LA FNSEA réclame en outre la reconduction de certaines exonérations de cotisations pour les travailleurs saisonniers, susceptibles de changer, un sujet sur lequel "des réunions techniques vont avoir lieu début juillet", a-t-elle ajouté.

"Nous n'avons pas eu de sonnant et trébuchant mais la porte n'est pas fermée", a-t-elle déclaré.

Les syndicats revendiquaient mercredi la mobilisation de 3.000 agriculteurs sur 18 sites de raffinerie ou de stockage, des blocages qui ont commencé, selon la présidente de la FNSEA, à poser des problèmes d'approvisionnement dans certaines régions.

"Ce qui se passe aujourd'hui, c'est l'exaspération des agriculteurs qui voient venir des produits venant d'ailleurs, qui ne respectent pas du tout les mêmes règles de production", a-t-elle souligné plus tôt sur France 2.

"Le ministre a reconnu qu'il y avait des distorsions de concurrence intra-européenne et avec les pays tiers", a-t-elle expliqué sur France 2. "Nous voulons qu'il écrive noir sur blanc que la France portera à Bruxelles une voix plus forte pour dire 'attention aux importations abusives qui mettent en difficulté l'agriculture européenne'."

Le secrétaire d'Etat à la Transition écologique Sébastien Lecornu s'est engagé à porter au niveau européen une proposition de réduction progressive du plafond d'importation d'huile de palme.

(Sybille de La Hamaide, Arthur Connan, Emmanuel Jarry et Julie Carriat, avec Felix Bate, édité par Yves Clarisse)