La FNSEA annonce le report d’une réunion à l’Élysée, la sortie de crise agricole attendra (encore)

Photo d’illustration prise le 23 février 2024 au plus fort de la crise agricole, lorsque des tracteurs avaient pénétré dans Paris.
LUDOVIC MARIN / AFP Photo d’illustration prise le 23 février 2024 au plus fort de la crise agricole, lorsque des tracteurs avaient pénétré dans Paris.

POLITIQUE - « Le rythme n’y est pas du tout ». Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a fait savoir qu’une réunion prévue mardi 19 mars à l’Élysée a été reportée. Il estime que « les conditions pour sortir de la crise agricole ne sont pas réunies », alors que le délai de trois semaines fixé par Emmanuel Macron pour revoir les organisations syndicales touche à son terme.

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Mercredi 13 mars, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a confirmé que le président de la République recevrait les organisations syndicales agricoles « la semaine prochaine », comme promis au Salon de l’Agriculture. Emmanuel Macron avait présenté cette réunion comme l’occasion de faire un point pour « consolider » les différents engagements pris à l’échelle française et européenne et « bâtir un plan d’avenir agricole français et européen à 2040. » Prisca Thevenot a cependant refusé de s’avancer sur une date précise.

Contacté par Le HuffPost ce dimanche, le ministère de l’Agriculture n’a pas répondu à nos sollicitations sur le report de la réunion. Mais selon nos informations c’est bien l’exécutif qui en est à l’origine. Emmanuel Macron ne veut pas recevoir les représentants syndicaux avant que la crise soit réglée ; un travail qui incombe au gouvernement à qui le président a demandé de « mettre toute son énergie ».

Sur X, le président de la FNSEA déplore la concrétisation jugée trop lente des annonces. « Après des avancées européennes, nous attendons la déclinaison des mesures de Gabriel Attal sur retraites, eau, phytos, élevage, trésorerie simplification… Le rythme n’y est pas du tout », écrit-il.

« Le changement de logiciel prend beaucoup de temps »

Avant l’Élysée, les organisations syndicales ont été reçues lundi 11 mars à Matignon pour le Premier ministre. Les représentants de trois syndicats agricoles ont indiqué à l’AFP que Gabriel Attal leur avait demandé quelles mesures pourrait annoncer le président de la République lors de leur prochaine rencontre pour mettre fin à la mobilisation des agriculteurs.

Mais visiblement, le compte n’est pas bon. Au micro de France Info dimanche, Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA note des « avancées » sur certains dossiers, notamment à l’échelle européenne. Dans un communiqué publié le 15 mars, les Jeunes Agriculteurs font le même constat sur les jachères et les prairies appellent à « une déclinaison française rapide, simple et efficace » des décisions européennes.

C’est en partie là que le bât blesse. Hervé Lapie déplore « un blocage fort sur les 62 mesures retenues par le Premier ministre ». « Ça devrait être décliné beaucoup plus rapidement », estime-t-il en évoquant des blocages sur l’application de la loi sur le calcul des retraites agricoles ou encore les annonces sur l’élevage percutée selon lui par la signature d’accord de libre-échange avec le Chili par exemple.

« On attend des mesures de trésorerie pour nos agriculteurs les plus en difficultés et des mesures de simplification », poursuite Hervé Lapie pour qui malgré des rendez-vous « nombreux » en préfecture, « le changement de logiciel prend beaucoup de temps dans notre administration. »

Le projet de loi attendu fin mars

Après le Salon de l’Agriculture, les manifestations de la colère agricole se sont calmées. Mais les agriculteurs ont maintenu la pression, le président de la FNSEA faisant savoir qu’il laissait à chaque département « l’initiative de pouvoir faire un certain nombre d’actions » si les promesses du gouvernement n’étaient pas tenues.

Ce lundi 18 mars, une manifestation est prévue sur les routes à Balma en Haute-Garonne d’où était partie la mobilisation nationale fin janvier. Les agriculteurs mécontents visent l’agence de paiement pour dénoncer le non-versement des aides de la PAC, promis par Gabriel Attal pour le 15 mars au plus tard. « Vendredi, on n’avait toujours rien reçu. Ces aides sont primordiales pour certaines exploitations : on va donc aller chercher notre chèque », explique à France Bleu Thomas Klunker, secrétaire général des Jeunes agriculteurs de la région.

Le gouvernement est lui engagé sur plusieurs chantiers, dont la présentation du projet de loi agricole en Conseil des ministres le 29 mars. Le ministère de l’Agriculture a aussi lancé vendredi un cycle de réunions sur le délicat sujet des surtranspositions de normes en matière de pesticides, dont les agriculteurs français s’estiment victimes. La version définitive d’une nouvelle stratégie de réduction d’usage des pesticides, Ecophyto, devrait être présentée début avril, a indiqué Matignon cette semaine.

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