Le FMI améliore ses prévisions économiques pour la zone euro

La perspective d'une récession dans la zone euro s'éloigne, le Fonds monétaire international (FMI) ayant légèrement amélioré ses prévisions économiques pour l'Union européenne.

La zone euro devrait désormais connaître une croissance de 0,7 % cette année, contre 0,5 % dans les prévisions précédentes, et de 1,6 % en 2024.

L'Allemagne, moteur industriel du continent, connaîtra une croissance de seulement 0,1 % - une performance timide, mais une augmentation considérable par rapport aux -0,3 % estimés en octobre.

La France connaîtra une croissance de 0,7 %, tandis que l'Italie affichera un taux de 0,6 % en 2023.

Dans ses dernières prévisions publiées mardi, le FMI souligne la résilience et l'adaptation de l'économie européenne face à la guerre de la Russie en Ukraine, à la crise énergétique et à la flambée de l'inflation, mais prévient que les risques et l'incertitude restent élevés.

"Il y a beaucoup de risques, mais notre scénario de base est que la zone euro ne soit pas en récession cette année", a déclaré à Euronews Petya Koeva Brooks, Directrice adjointe au département de la recherche du FMI.

"Une croissance de 0,7 % n'est pas, selon les normes historiques, un grand chiffre. Mais nous nous attendons aussi à ce que les choses remontent et que les perspectives soient meilleures en 2024.", a-t-elle précisé.

Les industries européennes ont passé l'année dernière à marcher sur une corde raide entre le maintien de leurs moteurs et le dépôt de bilan, un effort coûteux et frénétique qui a conduit à la refonte de chaînes de production établies de longues dates.

L'ombre du rationnement du gaz a pesé lourdement sur le secteur manufacturier, car les ménages et les services publics sont considérés comme la priorité absolue en cas de pénurie grave.

"Cela a été un choc d'offre majeur et nous avons vu beaucoup d'ajustements à tout cela. Maintenant, cela ne signifie pas que cela va être facile", a annoncé Petya Koeva Brooks. "Mais c'est aussi une opportunité pour les entreprises d'encore une fois, diversifier leurs sources d'énergie et potentiellement passer à des modes de production moins dépendants de l'énergie, ce qui serait également bon à long terme."

La mise à jour du FMI intervient alors que les prix du gaz en Europe sont retombés à des niveaux d'avant-guerre : la facilité de transfert de titres (TTF), principale plate-forme commerciale du continent, a clôturé vendredi à 55,4 euros par mégawattheure, des niveaux qui n'avaient pas été vus depuis décembre 2021.

La récente chute des prix du gaz a incité plusieurs institutions et banques, telles que J.P. Morgan et Goldman Sachs, à déclarer que la zone euro devrait échapper à une récession, que beaucoup avaient décrite comme inévitable lorsque Vladimir Poutine a lancé l'invasion de l'Ukraine.

La Russie va connaître une croissance lente en raison des sanctions

Pour l'économie mondiale, les dernières prévisions du FMI tablent sur un taux de croissance de 2,9 % en 2023 et de 3,1 % en 2024.

Outre la guerre et la crise énergétique, l'organisation pointe du doigt la poussée du COVID-19 en Chine, la hausse des taux d'intérêt, l'instabilité financière et la fragmentation géopolitique comme autant de facteurs susceptibles d'entraver les progrès économiques de cette année.

Toutefois, les "risques négatifs se sont atténués" depuis les prévisions précédentes, indique le FMI, ce qui a entraîné des révisions à la hausse dans la plupart des pays analysés.

L'amélioration la plus marquée est observée en Russie qui, en dépit d'un large éventail de sanctions occidentales, devrait connaître une croissance de 0,3 % en 2023, soit un bond considérable par rapport à la contraction de 2,3 % estimée en octobre.

Selon le FMI, la Russie trouve de nouveaux clients en dehors de l'Occident en réorientant le commerce "des pays sanctionnés vers les pays non sanctionnés". Les fortes dépenses publiques pour soutenir l'armée et l'invasion de l'Ukraine ont également contribué à maintenir l'activité économique au milieu des bouleversements.

_"Mais, l'impact des sanctions occidentales doit encore se matérialiser pleinement,"_avertit Petya Koeva Brook.

"L'économie russe est assez dépendante des biens d'équipement provenant des pays occidentaux. Au fur et à mesure que le temps passe, l'impact de ces sanctions, nous nous attendions à ce qu'il soit en fait plus élevé", a-t-elle expliqué à Euronews.

"Si l'on regarde à moyen terme, si l'on se projette en 2027, le niveau de production que nous prévoyons pour l'économie russe est nettement inférieur à ce qu'il était avant la guerre. La guerre devrait avoir un impact très permanent et considérable sur l'économie russe," a ajouté Petya Koeva Brook.