“La Fleur de Buriti”, un film au cœur de la résistance du peuple krahô en Amazonie
Il y a dix ans, [le Portugais] João Salaviza et [la Brésilienne] Renée Nader Messora ont commencé à filmer le peuple Krahô, qui vit à Pedra Branca, un village de l’État du Tocantins, dans le sud-est de l’Amazonie brésilienne. Ce temps partagé entre les réalisateurs et la communauté a déjà débouché sur Le Chant de la forêt, qui leur a valu le prix spécial du jury à Cannes en 2018 [dans la section Un certain regard]. Cette relation se prolonge dans La Fleur de Buriti, leur nouveau long-métrage [prix d’Ensemble de la section Un certain regard à Cannes en 2023].
La Fleur de Buriti commence par les douleurs de l’enfantement d’une femme dans sa hutte, mais on ne peut pas dire que ce film soit un film d’intérieur. D’après Renée, ce film n’est pas la continuité, la suite, du précédent : “C’est autre chose. C’est un film qui amplifie le regard.” Le portrait intime d’un adolescent du Chant de la forêt cède la place à un portrait plus grand, celui d’une communauté, explique la réalisatrice.
“Dans ce film, on fait un pas en arrière pour essayer de voir d’un peu plus loin. On tente de rendre compte de l’intelligence collective de cette communauté.”
Une fiction très proche de la réalité
Le film est une fiction inspirée par l’histoire du peuple krahô et souligne la violence à laquelle celui-ci a été soumis au siècle dernier, d’un massacre perpétré par les planteurs blancs en 1940 [pour s’approprier ses terres] à la politique hostile des années de mandat de Jair Bolsonaro. Tourné pendant quinze mois, il est davantage qu’un document sur l’histoire d’un peuple et la relation que celui-ci entretient avec sa terre, il porte sur l’avenir.
Les Krahô “ne sont pas coincés dans le passé mais ne vivent pas seulement dans le présent non plus, ils imaginent un avenir et se battent pour arriver à cet avenir imaginé”, précise Renée.
“Quand on voit un mouvement autochtone aller à Brasilia pour revendiquer ses droits constitutionnels, on voit que c’est une idée de l’avenir.”
Comme dans le film précédent, le doute plane quant à ce qui est fiction et ce qui est réalité. Une chose est sûre : cette mobilisation massive qui se concrétise vers la fin, dans une des rares scènes à ne pas se dérouler dans les profondeurs de l’Amazonie mais dans la ville de Brasilia, n’est pas une fiction orchestrée par les deux réalisateurs [elle fait écho à une manifestation survenue en 2021, voir encadré ci-dessous].
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