First Republic Bank, plus grosse faillite d’une banque américaine depuis 2008

 Les autorités américaines ont pris ce lundi 1er mai le contrôle de la banque régionale First Republic.
Les autorités américaines ont pris ce lundi 1er mai le contrôle de la banque régionale First Republic.

ÉCONOMIE - Une série noire de banques dans la tourmente qui n’en finit plus. Les autorités américaines ont pris ce lundi 1er mai le contrôle de la banque régionale First Republic et en ont revendu la grande majorité à JPMorgan Chase, espérant refermer l’épisode de crise bancaire qui a émergé en mars.

L’établissement était sous forte pression depuis les défaillances rapprochées le mois dernier de deux établissements au profil similaire, Silicon Valley Bank et Signature.

Mais la banque n’est pas parvenue à trouver un plan de sauvetage satisfaisant et quand elle a confirmé lundi dernier que de nombreux clients avaient retiré des dépôts au premier trimestre, plus de 100 milliards de dollars au total, son action, déjà mal en point, a piqué du nez.

Troisième banque secourue en deux mois

Les autorités, qui semblaient réticentes à venir à la rescousse d’une troisième banque en peu de temps, sont finalement montées au créneau, sollicitant les offres d’établissements financiers avant de saisir officiellement First Republic.

Il s’agit de la deuxième plus grosse faillite bancaire de l’histoire des Etats-Unis (hors banque d’investissements comme Lehman Brothers) après celle de Washington Mutual en septembre 2008.

Les actifs de cette dernière avaient, eux aussi, été en grande partie acquis par JPMorgan qui, sous la houlette de son patron Jamie Dimon, est plusieurs fois venu à la rescousse d’établissements en difficulté.

Selon l’accord noué lundi, la plus grosse banque du pays va récupérer tous les dépôts de First Republic ainsi que presque tous ses actifs, tandis que ses agences pourront rouvrir lundi selon les modalités habituelles.

« Notre gouvernement nous a invités, ainsi que d’autres, à intervenir, et nous l’avons fait », a déclaré Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan, dans un communiqué. « Notre solidité financière, nos capacités et notre modèle d’entreprise nous ont permis de proposer une offre permettant d’exécuter la transaction de manière à minimiser les coûts pour le fonds d’assurance-dépôts », a-t-il ajouté.

Investisseurs inquiets

L’opération implique en effet que les prêts de First Republic doivent être réévaluées à la baisse, et la FDIC a accepté d’assumer une partie de ces pertes : l’agence estime que l’opération va lui coûter environ 13 milliards de dollars. L’argent proviendra des cotisations versées par les banques.

Les autorités et d’autres grandes banques étaient intervenus en mars pour éviter que First Republic ne connaisse le même sort que SVB et Signature, onze établissements financiers acceptant notamment d’y déposer au total 30 milliards de dollars. Mais cela n’a pas suffi à rassurer les investisseurs.

First Republic, fondée en 1985 et basée à San Francisco, ne valait plus vendredi à la clôture que 654 millions de dollars en Bourse, contre plus de 20 milliards en début d’année.

La FDIC et le ministère de l’Économie ont sollicité en milieu de semaine dernière plusieurs banques pour jauger leur intérêt et, vendredi, ont permis à une poignée d’entre elles d’accéder à plus d’informations financières sur First Republic.

La procédure d’appel d’offres était « très concurrentielle » et a abouti à une transaction « conforme aux exigences de moindre coût », a assuré la FDIC.

Risques de contagion ?

First Republic pouvait sembler attractive : elle était connue pour avoir une clientèle aisée, déposant des sommes importantes sur les comptes et remboursant bien les prêts. Mais nombre de ses clients ont pris peur après les faillites de SVB et Signature. Et une majorité des prêts accordés par First Republic étaient des prêts immobiliers à taux fixes, qui ont perdu mécaniquement de la valeur avec la récente hausse des taux d’intérêt.

La question est désormais de savoir si la faillite de First Republic va en entraîner d’autres dans un secteur secoué par la hausse des taux d’intérêt.

Les observateurs étaient inquiets d’un risque de contagion après les défaillances de mars, qui ont aussi créé des remous outre-Atlantique et accéléré la chute de Credit Suisse. Mais ces craintes se sont un peu apaisées après la publication ces deux dernières semaines par plusieurs banques de petite et moyenne taille de bilans financiers tenant la route.

« First Republic était identifiée comme une banque à problème dès mi-mars et l’annonce de sa fermeture ne constitue pas une nouvelle raison de s’inquiéter », avait estimé Nicolas Veron, économiste pour les centres de réflexion Peterson Institute for International Economics et Bruegel, avant l’officialisation de la faillite. « Si une autre banque se révélait fragile, cela serait un autre problème », a-t-il ajouté.

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