En finir avec les “captures d’épouses” sur l’île de Sumba

La scène a été filmée le 7 septembre, vers 10 heures du matin, de la fenêtre d’une maison donnant sur un carrefour dans une bourgade de Sumba, une des petites îles orientales de la Sonde, en Indonésie. Une jeune femme attend sur une moto son oncle parti acheter des cigarettes. “Soudain un groupe d’hommes la saisit et, tandis qu’elle crie et se débat, l’embarque comme un tas de viande dans la benne ouverte d’une camionnette”, rapporte BBC News Indonesia.

Ce rapt d’une jeune femme dans une rue en plein jour est appelé dans le centre de l’île de Sumba yappa maradda, c’est-à-dire “mariage capture” ou “capture d’épouse”.

Devenue virale, la vidéo a forcé la police à convoquer la victime, sa famille et les auteurs présumés pour les interroger. Le commissaire local, Rio Panggabean, a expliqué à la BBC que, une fois capturée, la jeune femme avait été emmenée auprès du prétendant qui avait commandité le rapt au nom du droit coutumier. “D’après la déclaration de la victime, elle ne voulait pas participer à ce mariage arrangé. Elle y a été forcée”, indique-t-il.

Le commissaire a précisé qu’une enquête pour privation de liberté et violences sexuelles avait été ouverte.

Rite coutumier

Satyawanti Mashudi, présidente de la Commission nationale sur la violence à l’égard des femmes, a appelé à ce que cette affaire soit portée au pénal. Mais, selon elle, le plus grand défi pour éliminer définitivement cette pratique est d’abolir la notion de “mariage capture” en tant que “pratique culturelle”.

Bien qu’officiellement christianisée depuis plus d’un siècle, la population de Sumba demeure attachée à sa religion ancestrale, marapu, et à certains rites coutumiers qui lui sont associés.

Aprissa Tanau, présidente du conseil d’administration de l’Alliance des théologiennes d’Indonésie, s’insurge contre cette tradition qui inflige aux jeunes femmes plusieurs niveaux de violence, à la fois physique, psychologique et sexuelle. “En tant que femme de Sumba, je considère cette pratique comme un crime contre l’humanité”, a-t-elle déclaré auprès de la BBC.

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