Le financement public du groupe scolaire privé Stanislas fait polémique, voici tout ce qu’il faut savoir sur le sujet

ÉCOLE PRIVÉE - Déjà une semaine que le groupe scolaire privé Stanislas est au cœur de l’actualité. Après la polémique autour de la scolarisation des enfants de la nouvelle ministre de l’Éducation et la publication par Mediapart d’une enquête administrative accablante pour l’établissement, la Ville de Paris a annoncé, mercredi 17 janvier, la suspension de son financement public pour le groupe. De quoi relancer les débats autour des aides publiques que reçoivent les établissements privés sous contrat.

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Stanislas est un établissement privé catholique très sélectif, situé au cœur du VIe arrondissement de Paris. Une fabrique des élites qui compte parmi ses anciens élèves Charles de Gaulle, Martin Bouygues ou encore Christian Dior. Mais Stanislas, c’est aussi des millions d’euros de chiffre d’affaires, et des millions d’euros financés par l’État. On vous explique comment fonctionne le financement public de Stanislas dans la vidéo en tête de l’article.

Des financements publics obligatoires

L’une des plus grandes différences entre les écoles publiques et privées est l’admission payante. À Stanislas, il faut compter 2 027 euros de frais de scolarité par an en primaire, 2 200 au collège et 2 500 au lycée, selon le site Internet du groupe. Plus de 3 500 élèves sont scolarisés dans l’établissement.

Outre l’argent généré par les frais d’inscription, les écoles privées, sous contrat uniquement, peuvent percevoir des financements publics. Au premier rang desquels, le salaire des professeurs. Car, si les enseignants du privé n’ont pas le statut de fonctionnaires, ils sont quand même rémunérés par le ministère de l’Éducation nationale.

Il existe ensuite un forfait obligatoirement versé par les collectivités territoriales (communes, départements, régions, etc.) destiné à l’embauche de personnels et aux dépenses matérielles. Cette somme est calculée par élève et représente 807 euros par an et par collégien (446 euros au-delà de 80 élèves) et 487 euros par lycéen.

Dans le cas du groupe scolaire Stanislas, la Ville de Paris a ainsi donné une subvention de 1,3 million d’euros pour l’année scolaire 2022-2023. Suite à la publication par Mediapart d’une enquête de l’inspection générale de l’Éducation nationale qui pointe des dérives au sein de l’établissement, la Mairie de Paris a annoncé suspendre ce financement « à titre conservatoire, dans l’attente des clarifications requises de la part de l’État ».

Des aides facultatives

Outre ces dotations de fonctionnement, les établissements privés sous contrat peuvent percevoir des aides facultatives. Elles servent à financer des travaux, des voyages scolaires ou encore des manuels scolaires.

Dans ce cadre, l’Île-de-France a donné à Stanislas une enveloppe de 487 000 euros en 2023. Une somme élevée qui aurait, selon la région, financé des travaux : la réfection de deux ascenseurs et d’une centrale d’air. « Les comptes sont publics. On ne va pas nous reprocher d’investir dans des ascenseurs pour l’accessibilité aux personnes handicapées, tout de même », s’est défendu la région auprès de nos confrères de Libération.

Ce financement public n’est qu’une pierre à l’édifice financier du groupe Stanislas. Contrairement à beaucoup d’écoles privées qui sont des associations ou des fondations, le groupe scolaire parisien est une société anonyme. Elle peut donc générer un chiffre d’affaires. Et pas des moindres, puisque celui-ci s’élevait à 22 millions d’euros en 2022.

Des enseignements qui font débat

Beaucoup de subventions publiques, beaucoup de chiffres d’affaires, et beaucoup de polémiques. Si on reproche à l’État de verser trop d’argent à Stanislas, c’est aussi parce que l’école est accusée de ne pas respecter les règles de l’Éducation nationale.

Mediapart a dévoilé, mardi 16 janvier, une enquête administrative sur Stanislas, commandée en 2023 par l’ancien ministre de l’Éducation Pap Ndiaye. Le document révèle des cas de « dérives », avec des intervenants tenant des propos homophobes, anti-avortement ou faisant la promotion des thérapies de conversion.

Le rapport pointe aussi des manquements dans l’application des programmes officiels sur l’éducation à la sexualité, avec notamment « le parti pris de certains professeurs de SVT de ne pas parler des infections sexuellement transmissibles (IST) ». Les cours d’enseignement de la religion catholique sont, eux, obligatoires, ce qui n’est « pas conforme » avec la loi et à l’application du contrat d’association avec l’État.

Plus largement, cette histoire rouvre l’éternel débat sur les conditions de financements publics des établissements privés sous contrat. Le syndicat SUD éducation a récemment demandé « la fin du financement de l’école privé avec de l’argent public » dans un communiqué. « Le complexe scolaire Stanislas est le symbole d’un enseignement privé qui cultive l’entre-soi de la grande bourgeoisie et qui propage leur idéologie nauséabonde », accuse le syndicat.

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