Fin de vie : l'ex-ministre de la Santé François Braun pointe des éléments "inacceptables" dans le projet de loi
Le médecin urgentiste, et ancien ministre de la Santé, François Braun a une nouvelle fois fait part de ses réserves concernant le projet de loi sur la fin de vie. Il dénonce cette fois l'ampleur de la "responsabilité" donnée au médecin.
Il redit ses réserves sur le projet de loi consacré à la fin de vie. L'ex-ministre de la Santé François Braun, redevenu médecin urgentiste, a dénoncé ce dimanche 26 mai dans La Tribune Dimanche des "choses inacceptables" dans le texte instaurant une "aide à mourir" qui doit être examiné lundi à l'Assemblée. L'ancien membre du gouvernement avait déjà fait part de ses réticences sur le sujet en 2023, lorsqu'il faisait encore partie de l'exécutif.
"Dans le texte tel qu'il est aujourd'hui, il y a beaucoup de choses inacceptables. Par exemple, le médecin pourrait prendre une décision de mort sur dossier, sans examiner le patient. C'est impensable", estime-t-il.
"Si l'aide à mourir est mise en place, la responsabilité ne doit pas reposer sur le médecin", souligne-t-il.
Sans se dire frontalement opposé à la légalisation d'une aide à mourir, le médecin considère qu'il est primordial, si le texte est voté, de "laisser le corps médical à sa juste place".
Le suicide assisté "ne doit pas être un acte médical"
"Le médecin doit, d'abord, échanger pleinement avec le spécialiste qui suit le patient, le médecin en soins palliatifs, un psychiatre", pour prendre sa décision et dire si la situation du patient "correspond au cadre légal de la fin de vie ou non".
"Mais le reste ne lui appartient pas. Si l'on va vers le suicide assisté, cela ne doit pas être un acte médical", estime-t-il.
À l'évocation de ce qu'autorise la Suisse, où le suicide assisté est autorisé, François Braun y voit un modèle "qui (lui) paraît être le moins inacceptable".
Pas suffisamment d'acteurs entendus, selon Braun
L'ex-membre de l'exécutif n'hésite pas à affirmer que "la commission spéciale de l'Assemblée n'a pas suffisamment travaillé, elle n'a pas assez auditionné de médecins sur le fond" et qu'actuellement "le sujet n'est pas mûr".
Pour lui, sur un tel sujet touchant à l'ensemble de la société, "il aurait fallu entendre le Medef, les syndicats, les autres corps intermédiaires". "La mort n'est pas un sujet médical, c'est un sujet de société", soutient-il.
"Quelles que soient les circonstances, c'est toujours un drame. On ne rendra pas (la fin de vie) plus douce avec une loi", plaide-t-il encore.
Un projet de loi approuvé en commission parlementaire
En mars dernier, Emmanuel Macron annonce un projet de loi prévoyant une "aide à mourir" réservée aux patients majeurs, "capables d'un discernement plein et entier", atteints d'une "maladie incurable" avec "pronostic vital engagé à court ou moyen terme" et subissant des souffrances ne pouvant être soulagées.
Le projet de loi a été approuvé le 18 mai par la commission parlementaire spéciale qui, toutefois, remplace la stricte notion de "pronostic vital engagé à court et moyen terme" par celle d'affection "en phase avancée ou terminale".
En avril 2023, alors qu'il était encore ministre de la Santé, François Braun avait déjà montré sa réserve sur une éventuelle aide à mourir. "Si la société devait avancer dans le sens d'une aide active à mourir, ce ne pourrait être que dans des cas très précis et qui devraient être rigoureusement encadrés", mettait-il en garde dans Le Monde.