Fin de vie : la députée RN Laure Lavalette parle d’une loi « qui va tuer », les débats s’échauffent à l’Assemblée

POLITIQUE - Comparaison hasardeuse. Alors que l’Assemblée nationale examine actuellement le sensible projet de loi sur la fin de vie, la députée Rassemblement national Laure Lavalette a provoqué quelques tensions dans l’hémicycle lundi 3 juin au soir, estimant que le texte pour légaliser l’aide à mourir « piétine » les politiques de prévention contre le suicide.

« En faisant croire que vous respectez l’ultime liberté, vous piétinez la politique de prévention du suicide », a tout d’abord déclaré Laure Lavalette. Et de se lancer, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article, dans un parallèle qui a provoqué la colère d’autres élus : « Quand les pompiers, le Samu, arrivent sur une scène de défenestration (...) que font-ils ? Est-ce qu’ils regardent la personne en disant ’Je respecte sa liberté, il voulait se suicider, on ne va pas le réanimer’ ? La réponse est non. »

« On sait très bien que quand cette personne arrive à l’hôpital, tout est fait pour l’empêcher de mourir alors que sa liberté était de mourir. Soyez cohérent », a-t-elle ajouté. L’élue du Var a également évoqué la mémoire de Robert Badinter, l’homme à l’origine de l’abrogation de la peine de mort en France : « C’est lui a qui dit que la justice ne tuerait plus. Sachez qu’à cause de votre loi, vous allez mettre en place une loi qui va tuer », a-t-elle lancé. Pour rappel, Élisabeth Badinter, la femme de l’ancien garde des Sceaux avait a contrario estimé après sa mort qu’il aurait soutenu le texte proposé par la majorité présidentielle.

Les propos de l’élue RN, connue pour ses positions conservatrices sur la GPA et la PMA, entre autres, ont provoqué une petite bronca dans l’hémicycle, forçant la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, à rappeler la nécessité de conserver « le caractère digne » des débats sur un sujet aussi délicat.

Comparaison n’est pas raison

À gauche de l’hémicycle et au sein de la majorité, où la légalisation d’une aide à mourir est soutenue, la comparaison de Laure Lavalette a provoqué la colère de certains. « Confondre des actes suicidaires avec l’aide à mourir (...) C’est indigne », a ainsi jugé la députée écologiste Sandrine Rousseau. De son côté, l’insoumise Danielle Simonnet a qualifié les propos de l’élue d’extrême droite d’« immondes », ajoutant : « C’est une honte de faire croire que nous sommes là pour mettre en place un service public du suicide. »

Le rapporteur général Olivier Falorni (groupe MoDem) a aussi écarté les mots euthanasie ou suicide assisté « pour éviter des comparaisons malencontreuses ». « Assimiler suicide assisté et suicide, c’est exactement ce que nous ne voulons pas faire », a-t-il déclaré. « Ceux qui veulent avoir le choix, ils se foutent complètement de votre sémantique », a aussi lancé Bruno Millienne (MoDem) à l’ensemble de l’hémicycle. « Je veux juste savoir si j’ai le droit de décider de ma mort et à quelles conditions », a-t-il tancé.

Mais face à ces critiques, Laure Lavalette a tout de même pu compter sur l’appui de certains élus LR, mitigés voire franchement opposés au projet de loi. « Je souhaiterais dire à ceux qui ont qualifié - je ne vais pas la défendre - les propos de Madame Lavalette d''immondes’ : il faut qu’ils disent aux médecins des soins palliatifs de Chambéry que leurs propos sont immondes, parce que c’est exactement ce qu’ils m’ont dit », a ainsi soutenu la députée LR Émilie Bonnivard.

Son collègue Philippe Juvin a lui aussi fustigé le terme « d’aide à mourir » retenu dans le projet de loi, à la place d’« euthanasie » et « suicide assisté » volontairement écartés. « Ça ne veut rien dire l’aide à mourir. Tous les soignants aident à mourir (...) sans provoquer la mort », a déclaré ce médecin de profession.

Ce mardi les débats devraient encore porter sur des définitions mais aussi aborder des conditions d’application de cette aide à mourir, et notamment la possibilité de faire administrer la substance létale par un tiers ou un soignant. Un autre point sensible du débat.

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