Fin de vie : Élisabeth Badinter assure dans une lettre que Robert Badinter aurait voté le projet de loi

L’épouse de l’ancien ministre français Robert Badinter, ici photographiée en 2015.
JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP L’épouse de l’ancien ministre français Robert Badinter, ici photographiée en 2015.

SANTÉ - Un débat tranché pour l’épouse de l’ancien garde des Sceaux. À la veille de l’ouverture des travaux de la commission spéciale chargée de préparer l’examen du projet de loi relatif à la fin de vie, Élisabeth Badinter a décidé d’interpeller son rapporteur général, le député Olivier Falorni.

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Étudié dès la fin du mois de mai à l’Assemblée nationale, le projet de loi pour l’accompagnement des malades et la fin de vie, présenté par le chef de l’État comme « l’aide à mourir » a inspiré quelques réflexions à l’épouse de l’ancien ministre de la Justice aujourd’hui décédé. Dans une lettre publiée ce dimanche 21 avril dans les colonnes de La Tribune Dimanche, elle explique pourquoi son mari aurait, selon elle, voté en faveur de ce texte.

Rétablir la vérité

Mais avant toute chose, Élisabeth Badinter souhaite surtout rétablir certaines vérités autour de l’instrumentalisation de la parole de son mari, ce qu’elle observe depuis « de nombreux mois » déjà.

« J’ai pu constater que la parole de mon mari était utilisée, pour ne pas dire instrumentalisée, par des opposants à toute évolution législative sur ce sujet », commence par dénoncer la femme de lettres. Elle cite pour cela l’interview du président de la conférence des évêques de France assurant dans La Tribune du Dimanche que « Robert Badinter avait toujours dit son opposition à toute idée d’aide active à mourir ». Ou la tribune de la psychologue Marie de Hennezel dans Le Figaro affirmant que « le refus de la légalisation de l’euthanasie avait été son ’dernier combat’ ».

Mais selon Élisabeth Badinter, il s’agit de « déclarations péremptoires » qui s’appuient essentiellement sur des citations extraites de l’audition de septembre 2008 de Robert Badinter pour la mission d’évaluation de la loi sur la fin de vie. « Mon mari y avait en effet développé sa réflexion, ses souhaits et ses réserves. C’était en 2008, il y a maintenant seize ans », rappelle-t-elle.

« La caractéristique d’une pensée humaine (...) c’est de savoir évoluer. C’est souvent la différence entre un Homme et un dogme », tacle ensuite Élisabeth Badinter, affirmant que jamais son mari n’aurait eu un avis aussi tranché sur « une question aussi complexe et sensible ».

« Le testament de Robert Badinter »

Dans un second temps, la philosophe et féministe de la première heure martèle que Robert Badinter n’a jamais « assimilé aide à mourir et peine de mort », raison pour laquelle elle tient à affirmer que « s’il avait été parlementaire » son mari « aurait soutenu ce texte ». Et « prétendre le contraire serait une trahison de sa pensée et de sa mémoire ».

Certaine que son mari s’était progressivement forgé la conviction qu’une évolution sur l’aide active à mourir était acceptable, elle souhaite s’adresser directement à Olivier Falorni. « Je tenais à vous adresser aujourd’hui ce message afin que vous puissiez le faire publiquement connaître si vous le jugiez nécessaire », finit-elle par conclure dans une habile formule permettant au rapporteur général d’utiliser ce rappel nécessaire à chaque fois qu’un argument malhonnête utilisant la figure de Robert Badinter sera brandi dans l’hémicycle.

Olivier Falorni a d’ailleurs remercié Élisabeth Badinter dans un tweet sur X. Il salue une lettre d’une « très grande force » qui l’« accompagnera durant tout le débat parlementaire ». Le message semble être passé.

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