Les films de braquage qui ont inspiré Redoine Faïd, le "roi de la belle"
Point Break, Heat, Scarface... Le braqueur multirécidiviste a visionné ces films en boucle pour mieux commettre ses crimes.
Ce jeudi matin, Redoine Faïd, connu pour ses braquages en cascade et ses nombreuses années de cavale, a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle supplémentaires, dans le procès de son évasion par hélicoptère de la prison de Réau. Il ne sera désormais libérable qu'en 2060.
Mais pour mieux commettre ses braquages, qu'il débute en 1990 en région parisienne, Redoine Faïd se vante d'avoir puisé son inspiration dans le grand écran, comme il l'évoque dans son autobiographie, "Braqueur - Des cités au grand banditisme" sortie en 2010.
Comme dans les films de braquage, il utilise des masques
Fidèle à sa passion cinéphile, Redoine Faïd utilise une première fois la méthode des masques en 1995, lorsqu’il séquestre la famille du directeur de la BNP de Creil afin de forcer le coffre de l’agence. Lui et ses complices sont grimés en père Noël et en hommes politiques (François Mitterrand, Michel Rocard, Raymond Barre…).
Il s’inspire ainsi de "Point Break" (1991, Kathryn Bigelow), film culte dans lequel une bande de surfeurs menée par Patrick Swayze commet des braquages en utilisant des masques d'anciens Présidents des États-Unis (Reagan, Johnson, Nixon et Carter).
"C'est terrible à dire, mais nous avons été énormément influencés et inspirés par le cinéma. Tu enlèves le cinéma, tu te retrouves avec 50% de délinquance en moins", confesse-t-il dans son autobiographie.
Michael Mann, son "meilleur prof de fac"
Mais sa référence, c’est "Heat". Dans le thriller de Michael Mann, sorti en 1996 en France, Robert De Niro et Al Pacino, respectivement braqueur professionnel et lieutenant de police, jouent au chat et à la souris sur fond de hold-ups à Los Angeles.
"Je rêvais de me faire un fourgon, il m'a donné le mode d'emploi, raconte Redoine Faid au Point en 2010. J'ai compris qu'on n'avait pas besoin d'y aller à douze, que quatre suffisaient. Heat, je l'ai revu sept fois au cinéma, une centaine de fois en DVD".
Il dissèque la scène du braquage du fourgon et s’en inspire pour effectuer son casse de 1997, à Villepinte. Comme dans le film, ils percutent un fourgon blindé qui rentre au dépôt, utilisent deux camionnettes pour l'empêcher de s'enfuir et portent des masques de hockeyeurs. La police intervient. Blessé, Redoine Faïd s’échappe avec ses complices et 400 000 € de butin. Il sera incarcéré un an plus tard.
Lorsqu’il rencontre Michael Mann en juin 2009, à sa sortie de prison, lors de la sortie de "Public Enemies", il le remercie chaleureusement : "Vous avez été mon meilleur prof de fac et conseiller technique, mais vous avez bousillé ma vie."
Redoine Faïd, bientôt adapté au cinéma ?
Parmi ses autres plaisirs coupables, Redoine Faïd compte "Scarface" (Brian De Palma, 1983), dont il connaît les répliques par cœur. En 1997, en braquant une bijouterie à Chantilly, il voit un hommage au "Reservoir Dogs" de Tarantino (1992) en nommant ses complices Monsieur Jaune, Monsieur Vert, ou Monsieur Blanc. Repérés par la police, ils tentent de s’échapper en traversant un lac gelé façon "Le Cercle rouge", film français de Jean-Pierre Melville (1970).
Alors qu'il est encore à l'école élémentaire à Creil, le futur braqueur avait répliqué une scène de "Sleepers" avec Robert De Niro : "Un mec pique un truc dans un magasin, le patron le poursuit, et pendant ce temps-là, ses potes pillent sa boutique", raconte-t-il dans son livre. Plus tard, il se fait appeler McCoy, comme le cambrioleur de "Guet-Apens" (1972) incarné par Steve McQueen.
Inévitablement, la vie de braquages de Redoine Faïd a attiré l'attention de producteurs américains. En 2018, le réalisateur français Pierre Morel ("Banlieue 13", "Taken"), était sollicité pour adapter la vie du multirécidiviste sur grand écran.
VIDÉO - Qu'est-ce que la BNRF, l'unité de police qui a arrêté Redoine Faïd ?