Comment le film "Le Visiteur du futur" veut séduire fans de la web-série et néophytes

Détail de l'affiche du film
Détail de l'affiche du film

Attendue depuis une décennie par ses fans, la comédie de science-fiction Le Visiteur du futur, d'après la web-série à succès de François Descraques, qui cumule près de 50 millions de vues sur Internet, sort au cinéma ce mercredi. Portée par une nouvelle héroïne, le film puise dans les codes de l'œuvre d'origine pour proposer une histoire inédite, imaginée pour satisfaire fans et néophytes.

L'intrigue débute en 2555. Dans un futur dévasté, le dernier espoir repose sur un homme (Florent Dorin) capable de voyager dans le temps. Sa mission: retourner dans le passé pour empêcher Gilbert (Arnaud Ducret) de construire la centrale nucléaire qui causera un cataclysme nucléaire. Mais la Brigade Temporelle est à ses trousses et il n'a pas d'autres choix que d'emmener avec lui Gilbert et sa fille Alice (Enya Baroux)...

"Mon arme secrète"

Fruit d'un travail de près de sept ans mené par le vidéaste François Descraques, Le Visiteur du futur a été maintes fois repoussé avant de débarquer sur grand écran. "J'ai mis trois ans à avoir une version de scénario convenable", explique le réalisateur. "Le plus dur a été de créer un scénario pour que tout le monde puisse rentrer dans le film sans avoir vu la série. Ça m'a demandé de prendre beaucoup de recul sur la série."

Pour les besoins du film, François Descraques a imaginé une nouvelle héroïne, Alice, une militante écolo qui va s'opposer au projet de centrale de son père. "Je voulais détacher l'histoire du personnage de Raph [le héros de la web-série, incarné par Raphaël Descraques, NDLR] et la centrer sur une jeune femme, parce que dans les conventions, je voyais beaucoup de filles déguisées en Visiteur."

Le réalisateur est très heureux du résultat: "Enya Baroux, c'est mon arme secrète. On vend un film Le Visiteur du futur aux fans. Au grand public, on vend un film avec Arnaud Ducret. Mais en fait, le secret du film, c'est que c'est le film d'Enya Baroux." Au fil de l'aventure, son personnage embarque pour le futur où elle va prendre en charge le destin de l'humanité, telle une Sarah Connor française.

"La fin du monde devient beaucoup plus proche "

L'histoire du film, un conflit de générations entre un père et une fille, opposés sur l'importance à donner au nucléaire dans notre société, François Descraques l'a imaginée dans l'optique "de faire un pas vers le grand public". Elle est inspirée par "les discussions que l'on peut avoir au repas de famille quand on parle politique ou écologie".

Ces thématiques étaient présentes dès le début de la série, mais "plus sous la forme de blagues", précise François Descraques. "Plus le temps avançait, moins c'est devenu une blague, parce que ce qui était de la science-fiction en 2009 passe maintenant au journal télé. La fin du monde devient beaucoup plus proche dans la tête des gens." Le réalisateur a cependant voulu éviter d'être "trop naïf":

"Ça reste une comédie. Je ne veux pas trop que le film soit donneur de leçons. L'important est de mettre en avant ce conflit de générations, pour voir comment chacun se positionne vis-à-vis du long terme. Le film peut parler à plein de gens."

François Descraques a aussi apporté un soin particulier à son récit, pour éviter certains tics propres aux courts-métrages de YouTube. "Parfois, au montage, c'était marrant, parce qu'il y avait des moments où je me disais que ça faisait un peu trop web. Mais en fait, si la blague marche, elle marche. Il ne faut pas se limiter. L'important, c'est que l'histoire et surtout que chaque scène marche."

Sauvé par McFly et Carlito

Malgré un faible budget, estimé à 4 millions d'euros ("même pas celui d'une scène d'un Marvel!"), François Descraques n'a pas lésiné sur les effets spéciaux. La première scène est ainsi entièrement réalisée numériquement. Un choix osé: si l'effet ne fonctionne pas, le public risque de ne pas croire au reste de l'histoire. "Au début, la boîte d'effets spéciaux n'était pas sûre de pouvoir le faire avec notre budget...", glisse-t-il.

Mais François Descraques, en bon vidéaste d'Internet, a su comment donner vie à ses idées malgré une économie réduite. "Comme il allait y avoir dans cette scène de la fumée, des particules, des effets de lumière dans la scène, on ne voit pas tout et au final ça fonctionne à 100%! Toutes les économies que j'ai fait sur certaines scènes m'ont permis de financer le premier plan."

Malgré le succès de la web-série, c'est grâce aux populaires YouTubeurs McFly et Carlito que Le Visiteur du futur a vu le jour, révèle François Descraques: "C'est eux qui ont motivé Arnaud Ducret sur le tournage de Divorce Club - et sans Arnaud Ducret, le film n'aurait pas pu se faire. Pour les remercier, je leur ai donné un rôle."

Le duo comique incarne brièvement deux employés d'une centrale nucléaire, qu'ils font exploser. L'idée de rendre McFly et Carlito responsables de l'holocauste nucléaire est-il une manière de se venger de leur interview controversée d'Emmanuel Macron?

"Si on les aime bien, on est content de les voir. Et si on ne les aime pas, on est content de les voir mourir", élude le réalisateur.

Maintenant que le film est achevé, et qu'il s'apprête à sortir, François Descraques réalise le chemin parcouru depuis les premières vidéos sur Dailymotion. Il n'a pas prévu pour le moment de poursuivre la licence. "Pour moi, ce film est déjà un miracle. Je n'ai pas écrit une trilogie de films." Que faire à présent? "J'ai plein d'autres cartes. Mais le Covid m'a appris à arrêter de tout prévoir. Pour la suite, on verra ce qui se présente."

Article original publié sur BFMTV.com