Comment le film Noémie dit oui aborde l'un des plus grands tabous de la société

Wayna Pitch
Wayna Pitch

À Montréal, le Grand Prix de Formule 1 favorise le tourisme sexuel. Cet événement, qui se tient chaque année au mois de juin, multiplie la prostitution par quatre. Des hommes venus du monde entier louent, dans leur chambre d’hôtel, les services de jeunes femmes, parfois mineures. Du côté des États-Unis, la ville a la réputation peu enviable de se faire appeler le “Las Vegas du Nord”.

C’est dans ce contexte social que Geneviève Albert, cinéaste québécoise, raconte l’histoire d’une adolescente de 15 ans prise au piège dans la spirale de la prostitution. Elle signe Noémie dit oui, son premier long métrage de fiction.

L’héroïne, complexe et passionnante, ne vend pas son corps pour l'appât du gain. Lorsque sa mère renonce à sa garde, elle fuit son centre jeunesse pour s’aventurer dans la ville canadienne. Sa rencontre avec Zach, un jeune proxénète charismatique, l’entraîne dans cette activité. Victime de l’emprise qu’il exerce sur elle, Noémie découvre un monde où elle se doit d'assouvir le désir des hommes.

C’est un projet sur lequel j’ai travaillé pendant 7 ans, révèle la réalisatrice. J’ai fait énormément de recherches, j’ai rencontré des survivantes et des adolescentes qui ont été escorts. Elles ont été déterminantes dans l’écriture de ce film.”

Déterminantes car Geneviève Albert souhaite à tout prix s’éloigner des clichés : “Je voulais des détails sur comment ça se passe car, au cinéma, les scènes de prostitution peuvent devenir autoréférencielles. On répète souvent ce qu’on a déjà vu ailleurs.”

Pour incarner Noémie, la réalisatrice se devait de choisir une jeune femme instinctive qui se jette dans son rôle. C’était le cas de Kelly Depeault. La comédienne n’a passé aucune audition. “C’était une évidence, fait savoir la cinéaste. J’avais besoin d’une actrice chez qui j’allais percevoir une faille et Kelly a ce regard bouleversant, avec une profondeur.”

Le duo tisse une relation de confiance, indispensable pour un projet de cette nature. Les inquiétudes de l’actrice, qui craint la sexualisation gratuite de son personnage, se dissipent. Pour les scènes d’intimité, qui constituent le cœur du film, la réalisatrice choisit d’axer sa caméra sur les clients. Elle souhaite rendre visible ceux qui sont si souvent épargnés dans les débats.

Toutes ces séquences ont été chorégraphiées et répétées en amont pour ne rien laisser au hasard. Pour chaque rôle, deux hommes sont auditionnés. Geneviève Albert laisse à son actrice le choix de garder l’acteur avec lequel elle se sent le plus à l’aise.

Noémie dit oui oppose le vacarme d’un événement festif au silence brutal des chambres d’hôtel où l’impensable se produit. Sorti en avril 2022 au Canada, le film a interpellé le gouvernement qui a relancé le débat. “Je trouve qu’il y a un manque de volonté politique, d’engagement et de conscience”, regrette la réalisatrice. Avec cette histoire, elle montre ce que beaucoup n’osent imaginer.

Propos recueillis par Thomas Desroches, à Angoulême, en août 2022.

Noémie dit oui de Geneviève Albert, au cinéma le 26 avril 2023.

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