Fillon visé par une seconde enquête du PNF: son avocat dénonce "des méthodes de barbouzes"

François Fillon arrive à son procès à Paris le 24 février 2020 - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
François Fillon arrive à son procès à Paris le 24 février 2020 - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

"Ce sont des méthodes de barbouzes !" "Il ne fait pas débat qu'un collaborateur parlementaire peut collaborer à l'écriture d'un livre politique". Ce vendredi matin, maître Antonin Lévy, avocat de François Fillon, n'a pas décoléré alors qu'il était interrogé sur notre antenne. Plus tôt, on avait appris, via RTL, que son client faisait l'objet d'une enquête diligentée par le Parquet national financier et conduite de concert avec les policiers de l'Office anticorruption, et ce, depuis 2017.

Une investigation toujours en cours et distincte de la procédure qui a vu sa condamnation - et celle de son épouse - en juin 2020 pour détournements de fonds publics, complicité et recel. Une décision de première instance, qui lui avait réservé une sentence de cinq ans de prison dont deux ferme, contre laquelle l'ex-candidat à la présidentielle de 2017 a fait appel. Le nouveau procès doit se tenir en novembre.

L'enquête n'est donc pas nouvelle, mais la connaissance des faits n'affleure que maintenant. Ils sont les suivants. Le PNF avait ouvert en 2017 une enquête visant un autre ex-assistant parlementaire de François Fillon ("un autre" car on sait que la justice, donc, s'est intéressée aux tâches dévolues par le passé, à ce titre, à son épouse Penelope ainsi qu'à ses enfants), Maël Renouard. Cet homme, philosophe et écrivain, a été la plume du Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Il a également été le collaborateur du chef du gouvernement redevenu député, entre novembre 2013 et septembre 2015.

Un dossier "tronçonné"

Mais le PNF s'interroge: cet emploi, payé par l'Assemblée nationale et donc par le denier public, n'aurait-il pas consisté seulement à aider François Fillon à écrire un livre, paru en 2015, Faire. Occupation dont les magistrats doutent qu'elle relève du travail d'un assistant parlementaire.

Sur notre antenne, Antonin Lévy a commenté la situation dans laquelle se trouve son client, François Fillon:

"Ce sont des méthodes de barbouzes, de tronçonner des dossiers dès l'origine, dès 2017 ! On a coupé la même enquête que celle de la campagne pour vous garder un bout au chaud, et vous ressortir ça comme un plat bien préparé au moment du procès en appel, pour jeter le discrédit alors que le PNF sait très bien qu'on va parler des méthodes du parquet général, et que ce procès en appel va mettre en lumière les méthodes du PNF." "C'est une nouvelle fois pour jeter le discrédit sur un homme", a-t-il insisté.

Pour lui, le fond de l'affaire ne fait pas un pli: "Il ne fait pas débat qu'un collaborateur parlementaire peut collaborer à l'écriture d'un livre politique - On ne parle pas d'un roman, d'une fiction! On parle de l'écriture d'un livre programmatique, qui expose la vision qu'un député a de la France". "Si un homme politique ne peut pas écrire un ouvrage politique, à quoi sert-il concrètement ?", a poursuivi l'avocat.

Un "acharnement du PNF" contre François Fillon ?

Le conseil de l'ancien Premier ministre a livré, point par point, sa lecture du dossier:

"Il ne fait pas de doute dans cette enquête qui a duré quatre ans que 1) François Fillon a écrit ce livre, que 2) Maël Renouard a collaboré à l'écriture d ece livre, comme les assistants parlementaires collaborent à l'écriture des livres, articles, des tribunes et des discours, et que le fait q'un collaborateur parlementaire aide un homme politique à exprimer sa vision politique, ça entre indiscutablement dans le champ de sa mission."

Au moment d'évoquer l'état d'esprit de son client à l'heure de ces nouvelles révélations, Antonin Lévy a poursuivi: "Ça confirme l'acharnement du PNF à son encontre. On essaye de le troubler avant son appel, à une période où il aimerait se concentrer sur son nouveau procès. Très opportunément, l'information sort maintenant... Ça ne dupe personne, il est évident qu'il y a une stratégie".

Article original publié sur BFMTV.com