“Les Filles du Nil”, un surprenant documentaire féministe

Présenté à la Semaine de la critique, Les Filles du Nil est “le seul film égyptien” projeté au Festival de Cannes cette année, relève The National, un quotidien émirati. Ses deux réalisateurs, Nada Riyadh et Ayman El-Amir, ont suivi durant quatre ans un groupe d’adolescentes d’Al-Bashra, une petite ville copte du centre de l’Égypte de quelque 15 000 habitants.

Unies par la passion du théâtre, Majda, Haidi, Monika et leurs amies jouent dans la rue de petites saynètes qu’elles ont imaginées, dans lesquelles elles mettent en scène leurs rêves et leurs peurs.

Le résultat est saisissant. “Êtes-vous heureux en ménage ? N’avez-vous pas été mariée trop jeune ? Les femmes n’ont donc aucun droit à l’amour ? Peu de gens osent poser de telles questions dans le centre et le sud de l’Égypte”, très pauvres et conservateurs, explique le magazine américain Variety. Les filles de la troupe féminine Panorama Barsha, issues de la minorité copte, osent interpeller les passants sur ces sujets.

Dans la région, les filles sont promises à un mariage précoce et à une vie de femme au foyer – alors que de plus en plus d’hommes sont obligés, pour des raisons économiques, de partir travailler au loin durant une partie de l’année. Les membres de Panorama Barsha, comme beaucoup de filles de leur âge, rêvent d’être danseuses, chanteuses ou metteuses en scène. Elles ont été filmées au sortir de l’adolescence, au moment où la pression sociale commence à s’exercer sur elles pour qu’elles se marient. “Avant tout, Les Filles du Nil suit cette période de transition, alors que les personnages principaux sortent de l’adolescence pour devenir de jeunes femmes” et doivent faire des choix cruciaux pour leur avenir, observe encore The National.

De passage sur la croisette pour défendre leur film, Nada Riyadh et Ayman El-Amir ont répondu aux questions de Courrier international.

COURRIER INTERNATIONAL Comment en êtes-vous venus à vous intéresser à la troupe Panorama Barsha ?

NADA RIYADH En 2016 et 2017, nous avons travaillé avec une association du Caire qui encourage des femmes de régions reculées d’Égypte à se lancer dans la création artistique. Nous avons beaucoup circulé dans le centre et le sud du pays et, un jour, nous sommes tombés sur une représentation de Panorama Barsha : un moment magnifique, une bouffée d’air frais.

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