“Fight the Power”, le hip-hop contre l’État et le racisme systémique
Un soir d’août 1973, dans le Bronx, à New York, DJ Kool Herc mixe pour la première fois avec deux platines dans une fête sur des breaks funk.
À 18 ans à peine, il vient de donner naissance à un mouvement culturel, social et politique aujourd’hui central aux États-Unis – et ailleurs, en témoigne la domination du genre en France.
C’est tout le propos de la série documentaire Fight the Power. How Hip-Hop Changed the World (“Combattre le pouvoir : comment le hip-hop a changé le monde”) de donner au hip-hop “le traitement sociologique respectueux et rigoureux qu’il mérite”, applaudissait le quotidien britannique The Guardian l’année dernière, lors de sa diffusion sur PBS.
Produite par Chuck D, le leader de Public Enemy, la série est actuellement visible sur arte.tv
– et sur la chaîne le 1er juin.
Exit donc l’histoire exhaustive du hip-hop, et le déroulé de ses plus grands tubes – pas de Beastie Boys, De La Soul ou même Wu-Tang Clan au générique.
Les quatre épisodes d’une heure se concentrent sur son rôle politique et son engagement social, avec à l’appui de nombreux témoignages de rappeurs (KRS-One, Melle Mel, Ice-T, Eminem…), de journalistes, de militants et d’universitaires.
“Fight the Power retrace avec brio la manière dont les rappeurs sont devenus les porte-parole culturels de l’Amérique noire grâce à des hymnes protestataires qui constituent certaines des déclarations sociopolitiques les plus percutantes de la société”, souligne le magazine américain Rolling Stone.
Pour Chuck D et ses pairs, le hip-hop s’inscrit dans la ligne de la lutte pour les droits civiques des années 1950 et 1960.
Et il est intimement lié à la paupérisation ahurissante des Africains-Américains dans le New York des années 1970 – on peine à croire que les saisissantes images du Bronx en ruine viennent des États-Unis.
“Le constat central de Fight the Power est que le hip-hop est issu d’une communauté abandonnée”, avance le Guardian.
Une classe ouvrière n’ayant pas les moyens de s’acheter d’instruments de musique s’installe devant deux platines pour créer une nouvelle forme de musique, résume le quotidien britannique.