« Le Figaro Magazine » s’attaque à France Télévision et Radio France jugés trop sà gauche, la radio publique s’insurge

Nouvel avis de tempête sur le service public, accusé de partialité et d’absence de pluralisme sur ses antennes par un rapport propulsé par Le Figaro Magazine.
Capture d’écran X Nouvel avis de tempête sur le service public, accusé de partialité et d’absence de pluralisme sur ses antennes par un rapport propulsé par Le Figaro Magazine.

MÉDIAS - Les temps sont durs à Radio France et France Télévisions, en grève depuis deux jours pour dénoncer la volonté du gouvernement de fusionner la radio et la télévision publique au sein d’une seule et même entité. Mais l’audiovisuel public doit également faire face aux attaques du Figaro Magazine paru ce vendredi 24 mai, qui accuse les programmes de plusieurs stations du service public de déroger à leurs obligations d’impartialité et de pluralisme.

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Avec à sa Une le titre choc « Audiovisuel public, le rapport qui accuse », l’hebdomadaire assure que les intervenants sur les antennes de France 2, France 5, franceinfo TV, franceinfo radio, France culture et France Inter sont, pour l’essentiel, classé à gauche. Résultat, la droite est « marginalisée » sur les chaînes publiques, selon Le Figaro Magazine, qui s’appuie sur une étude de l’Institut Thomas More.

25 % d’intervenants de « gauche » sur cinq jours

Ce think tank conservateur, qui a classé idéologiquement 587 intervenants sur les antennes publiques entre le 19 et le 23 février 2024, estime qu’un quart d’entre eux sont « socialistes et progressistes ». Contre seulement 4 % des intervenants de droite, désignés comme « libéraux et conservateurs ». L’Institut Thomas More considère toutefois que 50 % des intervenants n’affichent pas d’orientation suffisamment claire pour être classés idéologiquement.

Au cas par cas, l’institut juge que France Inter est la chaîne « dont l’orientation politique et idéologique est la plus marquée avec 32 % de participants répondant à la qualification “socialiste et progressiste” ». Tandis que le bon élève serait franceinfo télé, « avec un glorieux 8 % » d’invités de droite, comme le souligne Le Figaro Magazine.

Une analyse qui s’appuie sur plusieurs critères −discutables− pour identifier et classer certains intervenants qui ne sont portant pas affiliés d’un point de vue politique ou militant. En clair, les journalistes, chroniqueurs, artistes et membres de la société civile. Le rapport souligne toutefois que les intervenants « qui reprennent les expressions du wokisme (écriture inclusive, théorie du genre, décolonialisme, etc.) » sont identifiés comme « socialistes et progressistes ».

Une volonté de classement de l’ensemble des intervenants justifiée, selon les deux auteurs de l’étude, par la récente décision de l’Arcom d’étendre sa surveillance du pluralisme à tous les participants des émissions télé et radio.

« Orientation idéologique »

Sauf qu’en tirant à boulet rouge sur l’audiovisuel public, il fallait s’attendre à une réponse. Et c’est Radio France qui s’est chargé de la contre-attaque. Dans un communiqué publié ce vendredi, le groupe étrille un « énième dossier à charge contre l’audiovisuel public », en dénonçant des « conclusions hautement questionnables d’une étude à la méthodologie hautement questionnable, dont ni le contenu ni le timing de publication ne sont neutres ».

Le groupe public critique avant tout une « méthodologie, fondée en grande partie sur de l’interprétation », qui en « dit plus de vos biais que des nôtres ». Avant de regretter « l’orientation idéologique » du think tank.

« Vous avez de manière générale procédé à une sélection de certaines chaînes, certaines émissions, certains thèmes, certains jours, choix qui nécessitent d’être explicités, sans quoi le biais de l’observateur entache l’ensemble de l’enquête, des critères de départ jusqu’aux résultats », écrit Radio France au Figaro Magazine.

Radio France dénonce aussi une « catégorisation » grossière qui ne peut pas décrire avec exactitude « la diversité des opinions politiques des Français ». Avant de s’attaquer aux concepts et thèmes sélectionnés par le rapport pour classer les invités. « Nous laissons à l’interprétation du Figaro Magazine et de l’Institut Thomas More le fait de considérer que l’on est forcément de gauche si l’on considère que l’écologie est prioritaire, et inversement ; et forcément de droite si l’on est opposé à l’avortement, et inversement », peut-on notamment lire.

Dialogue de sourds

L’histoire aurait pu s’en tenir à ce communiqué de Radio France. Mais avec un troisième dossier consacré à l’audiovisuel public en trois ans, Le Figaro Magazine n’a pas pu s’empêcher de répondre, tant le combat contre les méthodes du service public est porté en étendard par le supplément magazine historique de la droite.

L’hebdomadaire s’est donc fendu d’un nouvel article, au nom de l’attachement du journal « au pluralisme et au débat contradictoire ». « Nous nous sommes naturellement astreints à la plus grande objectivité possible », justifie notamment Jean-Thomas Lesueur, coauteur de l’étude. « Pour preuve, la masse très importante (50 %) de participants positionnés comme “inclassables” (“neutres” dans notre rapport). Il était évidemment facile de classer les intervenants aux engagements politiques ou militants connus. Pour tous les autres, une recherche minutieuse et impartiale a été conduite. »

Dans sa réponse, Le Figaro Magazine donne également la parole à son directeur de la rédaction et à la journaliste derrière l’article qui a mis le feu aux poudres. Pour un résultat proche d’un dialogue de sourd.

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