La fermeture de piscines ravive la crainte d’un recul de l’apprentissage de la natation

Portrait of little boy swimming underwater in the pool. Sunny summer day.
Nikon D850
Imgorthand / Getty Images Portrait of little boy swimming underwater in the pool. Sunny summer day. Nikon D850

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Une trentaine de piscines a fermé par crainte d’une trop importante facture énergétique.

NATATION - La crise énergétique qui a conduit Emmanuel Macron à prévenir que « nous sommes en guerre » éclabousse même les piscines. Depuis lundi 5 septembre, une trentaine d’entre elles, gérées par la société Vert Marine, a dû fermer, par crainte d’une trop grosse facture énergétique.

Deux ans après le début de l’épidémie de Covid et des fermetures à long terme des bassins, cette dernière annonce est une mauvaise nouvelle pour l’apprentissage de la nage chez les plus jeunes, et par conséquent sur les risques de noyade. À ce titre, plusieurs acteurs concernés se disent inquiets.

La Fédération française de natation (FFN) a ainsi souligné dans un communiqué que « ces fermetures ont des conséquences directes pour l’ensemble des enfants et adultes qui ne pourront pas apprendre à nager ».

« Au détriment des élèves »

Pour de nombreux enfants, ces piscines, et les cycles d’apprentissage qui y sont proposés pendant leurs cursus scolaires, sont le seul moyen d’apprendre à nager. Le Syndicat national de l’éducation physique (SNEP-FSU) estime de fait que ces fermetures se font « au détriment des élèves ». « Préserver l’équilibre financier avancé par les sociétés privées qui gèrent certaines piscines ne doit pas passer avant l’intérêt général. C’est une vision réductrice qui oublie tous les bénéfices éducatifs, de santé, de loisirs et de sécurité », souligne-t-il dans un communiqué.

De son côté, le maire (PS) du 19e arrondissement de Paris (qui a délégué la gestion d’un établissement à cette société) rappelle que « Les piscines portent des missions éducatives avec l’apprentissage scolaire de la nage, et participent du service public ! On ne ferme pas ainsi un service public ! »

Ces fermetures sont d’autant plus problématiques que les piscines avaient déjà fermé leurs portes lors des moments les plus tendus de la crise du Covid. Et quand elles avaient rouvert des jauges, l’enseignement de la natation était complexifié.

Recul de l’apprentissage depuis le Covid

Résultat, l’été dernier déjà, les maîtres-nageurs constataient déjà des effets sur l’apprentissage de la natation. « Ceux qui avaient commencé, dont c’était la première année, sont pour certains revenus en fin d’année et ils avaient peur d’aller dans l’eau alors qu’en début d’année, ils avaient passé cette peur-là. Ils ont régressé à ce niveau-là », expliquait ainsi Nicolas Diguet, maître-nageur en Seine-Saint-Denis, à franceinfo. « Les profs nous disent que le niveau des élèves de 6e est catastrophique par rapport aux autres années parce qu’ils n’ont pas eu de cours en CM2 et ils démarrent au collège », poursuivait-il. Interrogée par Le Parisien, Coralie Benech, secrétaire nationale du Snep-FSU, estimait qu’à cause des fermetures de piscines et du Covid-19, « deux cycles complets de natation » avaient été perdus.

En tout, on estime à 800 000 le nombre d’élèves qui n’ont pas pu apprendre à nager entre 2020 et 2021.

Vers une hausse des noyades ?

Sauf que, qui dit moindre apprentissage de la natation, dit crainte d’une hausse des noyades en été. « Les enfants n’ayant pas accès de façon normale à l’éveil aquatique et à l’apprentissage de la natation depuis un an, nous sommes inquiets du nombre de noyades qui pourrait grandir en 2021 », expliquait l’an dernier Axel Lamotte, maître-nageur en Seine-Saint-Denis, également contacté par Le Parisien. « Quand les cohortes d’élèves 2020-2021 vont débarquer sur les plages ou les bases de loisirs, cela va être catastrophique !  », poursuivait-il.

Le savoir nager est l’un des axes majeurs de la politique du ministère des Sports, et ce afin de prévenir justement les noyades. Entre le 1er juin et le 30 septembre 2021, 1480 noyades ont été dénombrées, dont 27 % ont conduit à un décès, selon un rapport de Santé publique France. « Alors que chaque année les chiffres de la noyade ne cessent d’augmenter, je souhaite que la responsabilité de chacun puisse être engagée sur cet enjeu de service public. C’est de la responsabilité de chaque collectivité territoriale de fournir un lieu à chaque citoyen pour apprendre à nager - un des savoir-faire fondamentaux - dont l’absence d’apprentissage peut entraîner les pires tragédies », regrette Gilles Sezionale.

Mardi, la FNN a demandé la réouverture immédiate des piscines. Celles-ci, avec les patinoires, sont au cœur d’un travail gouvernemental sur la sobriété énergétique.

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